Les négociations entre l’Iran et les grandes puissances reprennent lundi 29 novembre à Vienne pour tenter de ressusciter l’accord de 2015 et empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. Certains observateurs annoncent des négociations difficiles.
Après une suspension de cinq mois, la délégation iranienne constituée d’une quarantaine de membre, dirigée par le vice-ministre des affaires étrangères Ali Bagheri Kani et les grandes puissances composées de la Chine, de la Russie, de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni se retrouvent une fois de plus au tour de la table pour reprendre les discussions sur le nucléaire iranien. Les travaux seront présidés par le coordonnateur des discussions le diplomate européen Enrique Mora.
L’Iran avait profité de la petite pause pour reprendre graduellement son programme d’enrichissement, d’une part à cause du départ de l’accord par les États-Unis sous l’administration de Donald Trump.
Téhéran vient à cette table de négociation avec un ton ferme le représentant de la délégation iranienne s’est voulu clair en confiant que l'objectif premier était la fin de toutes les sanctions américaines, et ce, de façon vérifiable. Il a par la suite exprimé sa méfiance vis-à-vis du camp occidental, tout en promettant de ne plus tomber dans les erreurs du passé. « Le peuple iranien ne se soumettra pas aux menaces militaires et aux sanctions économiques », souligne le patron de la délégation envoyée à Vienne.
« Donald Trump est à l'origine de la crise »
Le mandataire américain Rob Malley a dit avant son déplacement pour l’Autriche que les agissements des iraniens n’étaient "pas de bon augure". Il a poursuivi en ces termes « S'ils traînent des pieds tout en accélérant le rythme avec leur programme nucléaire (...) alors, bien entendu, nous ne serions pas prêts à rester les bras croisés ».
Les mêmes doutes persistent chez de nombreux observateurs de la scène diplomatique occidentale. La spécialiste de l'Iran chez Eurasia Group Henry Rome explique que « Le refus de l'Iran de trouver un compromis avec l'AIEA jette une ombre sur les pourparlers à venir ».
« Si l'ancien président américain Donald Trump est à l'origine de la crise, les actions iraniennes la prolongent », a-t-elle lancé. "Ils agissent comme si Washington allait flancher en premier, mais cette pression est une arme à double tranchant » qui pourrait annihiler les chances de sauver l'accord de 2015.
La conciliation dont le cigle en anglais est JCPOA accordait à Téhéran la levée d'une partie des sanctions économiques en retour l’Iran devait réduire son programme nucléaire, tout ceci sous l’œil vigilent de l'ONU. Mais les États-Unis ont claqué la porte en 2018 sous la présidence de Donald Trump tout en privilégiant les mesures punitives. De son côté, la République islamique a aussi abandonné ses engagements.
Le directeur du programme Iran à l’International Crisis Group Ali Vaez, pense que « L’Iran n’a pas encore pris la décision stratégique que l’accord de 2015 n’est plus dans son intérêt, mais il pense que les États-Unis ne sont pas prêts ni en mesure de lui offrir un allégement réel et durable des sanctions, Si l’équipe de négociation iranienne cherche à obtenir plus en échange de moins, le résultat sera une impasse diplomatique. La méfiance entre l’Iran et les États-Unis reste le principal obstacle au rétablissement de l’accord de 2015 ». Au vu de toutes ces complications, le feuilleton sur Nucléaire iranien est encore loin d’être terminé.
Jean Baptiste Bodo