Une histoire d’ouvriers forcés vietnamiens a été révélée la semaine dernière par une ONG qui lutte contre le trafic d'êtres humains. Ces Vietnamiens ont visiblement été employés par une entreprise chinoise, et ce, dans des conditions inhumaines.
Ils sont 500 hommes vivant dans un camp de conteneurs cachés dans une friche industrielle, non loin de la ville de Zrenjanin. Ils sont employés par l’entreprise chinoise de fabrication de pneus, Linglong, qui construit une grande usine en Serbie.
D'après les témoignages recueillis, ces travailleurs viennent du Vietnam. Ils espèrent avoir des emplois qualifiés et bien payés, mais la réalité est tout autre. Ils se sont retrouvés à travailler sur un chantier de construction, 26 jours par mois pour un salaire de misère. Leur employeur, Linglong, a pris leur passeport pour ne qu'ils ne quittent pas le pays et, depuis six mois qu'ils sont en Serbie, ils n'auraient touché qu'un seul salaire. Lorsqu'ils sont absents une journée, ils ne reçoivent pas la paie du mois . Évidemment, toutes ces clauses sont complètement illégales, et c'est ce qui a permis à l'ONG d'alerter les médias.
Devant le scandale, la société Linglong a évacué ces travailleurs vietnamiens vers une destination inconnue et le dernier groupe de 90 personnes a quitté le camp dimanche 21 novembre. Le camp où ils étaient logés ne comportait aucun équipement de chauffage, un seul groupe électrogène et deux salles de bain collectives et moisies d'humidité pour 500 personnes. Il n'y avait pas de cuisine, ni de salle à manger et les pauvres travailleurs étaient obligés de cuisiner sur des braseros dehors, et de manger accroupis ou debout entre les conteneurs.
Des gardiens ont été placés autour du camp et ils ne laissaient passer personne. Les employés qui avaient contacté l'ONG ont perdu leur emploi. Alors que le scandale prenait de l'ampleur, Linglong a décidé de mettre fin à l'affaire en relogeant ces employés vietnamiens et en leur rendant leur passeport. Tout s'est fait dans la plus grande opacité. Des vigiles en voiture étaient chargés d’empêcher les journalistes de circuler tandis que des minivans emmenaient les travailleurs vers une destination inconnue. Certains de ces Vietnamiens seraient logés dans un hôtel à Zrenjanin, mais là encore, des vigiles empêchent d’accéder à l'établissement.
Il faut bien comprendre que les investissements chinois sont une manne pour la Serbie. Le président Aleksandar Vucic entretient des liens étroits avec la Chine de Xi Jinping. Pour les officiels serbes, il n'était donc pas question de froisser les Chinois. La Première ministre affirme que les institutions font leur travail et souhaite que l'affaire ne soit pas politiser. Elle ajoute que la Serbie respecte le droit du travail.
Suzanne EFFA