Pour la deuxième fois, la double médaillée de bronze aux J. O. de Tokyo a remporté les mondiaux de la discipline à Riyad, en Arabie saoudite.
Ainsi se conclut une très belle année pour Ruth Gbagbi, également médaillée de bronze aux Jeux de Tokyo cet été, une performance qu’elle juge « satisfaisante » malgré les espoirs annoncés d’or olympique.
Son entraîneur Adama Chérif est plus dur : « On a trébuché à Tokyo, il fallait se relancer, heureusement qu’il y a eu cette compétition juste après. »
La saison avait sérieusement commencé dès le mois de juin avec l’équipe nationale dans les montagnes de l’Ouest ivoirien. Une préparation physique inédite à près de 1 000 mètres d’altitude, loin des tatamis de son pôle d’entraînement de Majorque, en Espagne. Et l’air ivoirien semble lui plaire puisqu’elle était déjà revenue sur ses terres pour préparer la saison 2019 après une grave blessure à l’avant-bras. A l’époque, cela avait aussi payé : elle était devenue numéro un mondiale quelques mois plus tard.
Grâce à sa préparation et une discipline de fer, son palmarès grandit et sa détermination n’en est que renforcée. « Je sais que je peux encore mieux faire, estime-t-elle. Gagner une médaille d’or olympique, gagner plus de titres mondiaux, des grands prix, être la première partout. »
Comme sur les tapis où elle impressionne par sa rapidité et sa capacité de déplacement, Ruth Gbagbi va sans cesse de l’avant.
L’art martial lui a apporté une discipline et un moyen de se canaliser : « Désormais, j’arrive à gérer mes émotions. Dès que je suis arrivée en équipe nationale, c’était la routine : ‘“entraînement, études, repos”. Ça m’a cadrée et ça m’a permise d’être qui je suis aujourd’hui. »
Fière de son pays et active sur les réseaux sociaux, elle est très suivie par la jeunesse ivoirienne, qui se rue aujourd’hui dans les clubs de taekwondo du pays pour suivre ses traces. En Côte d’Ivoire, le nombre de licenciés ne cesse de grandir : de 16 000 à plus de 46 000 en une dizaine d’années, faisant de l’art martial le deuxième sport du pays après le football.
Ses succès ainsi que ceux de son compatriote Cheick Cissé, champion olympique en 2016 à Rio, y sont pour beaucoup. Et si Ruth Gbagbi n’a pas fini de gagner des titres, elle prépare déjà la relève.
Suzanne EFFA