Aux cris de "pain, travail, liberté", une vingtaine d'Afghanes ont manifesté à Kaboul dimanche 29 mai pour protester contre les restrictions imposées par les talibans aux libertés des femmes en Afghanistan. Devant le ministère de l'éducation, les manifestantes ont scandé "l'éducation est mon droit! Rouvrez les écoles!". Elles ont été stoppées par des talibans en civil, venus pour disperser la manifestation.
« Nous sommes très alarmés par la disparition de six personnes qui ont été enlevées à Kaboul il y a deux semaines en relation avec les récentes manifestations pour les droits des femmes », a déclaré lors d’un point de presse de l’ONU à Genève, Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH, relevant sa « grave inquiétude pour « le bien-être et la sécurité » des militants.
Malgré l’annonce faite samedi par les autorités de facto d’une enquête sur la disparition de ces personnes, il n’y a toujours pas d’information confirmée sur le lieu où elles se trouvent, ont regretté les services de la Haute-Commissaire Michelle Bachelet.
Parwana Ibrahim Khil et son beau-frère auraient été enlevés le 19 janvier en début de soirée, alors qu’ils se déplaçaient à Kaboul. Plus tard dans la même soirée, Tamana Paryani et ses trois sœurs ont été enlevées à leur domicile.
Selon l’ONU, ces deux femmes protestent depuis des mois contre la prise de pouvoir des Talibans. Elles avaient même participé à une manifestation pacifique le 16 janvier pour demander le respect des droits fondamentaux des femmes.
Depuis lors, des rapports font état de fouilles à domicile d’autres femmes en rapport avec leur participation à des manifestations. « L’absence d’informations claires sur la localisation et le sort de ces personnes et d’autres perpétue un climat de peur et d’incertitude », a ajouté Mme Shamdasani.
Un modèle d’arrestations arbitraires ou de torture de militants et d’anciens membres du gouvernement
Plus largement, ces informations ont également mis en lumière ce qui semble être « un modèle d’arrestations et de détentions arbitraires, ainsi que de torture et de mauvais traitements, de militants de la société civile, de journalistes et de travailleurs des médias, et d’anciens membres du gouvernement et des forces de sécurité en Afghanistan ». « Nous continuons également à recevoir des allégations crédibles d’autres violations flagrantes des droits humains », a fait valoir la porte-parole du HCDH, relevant que « le contrôle de la dissidence semble se resserrer » dans cet « émirat » d’Asie du Sud.
Face à ce climat de peur, les services de Mme Bachelet demandent « aux autorités de facto de rendre publiquement les conclusions de leur enquête sur l’enlèvement et la disparition de ces militantes et de leurs proches ». Pour l’ONU, il s’agit de prendre toutes les mesures possibles pour assurer leur libération immédiate et en toute sécurité, et de demander des comptes aux responsables.
Les Nations Unies exhortent également les autorités talibanes à faire la lumière sur ces disparitions et demandent que des mesures soient prises pour la reddition des comptes des responsables d’enlèvements et d’arrestations arbitraires. « Nous demandons également aux dirigeants talibans d’envoyer des messages clairs à leur base pour leur faire comprendre qu’il ne doit pas y avoir de représailles contre les personnes qui manifestent pacifiquement et exercent leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique », a conclu la porte-parole du HCDH.
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AFGHANISTAN|HAUT-COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L’HOMME (HCDH)|DROITS DES FEMMES|FEMMES
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