En plein conflit avec l’Ukraine, Vladimir Poutine a pris le temps de nommer deux nouveaux ambassadeurs russes à Rabat et à Alger, à la fin du mois de mai. Retour sur un ballet diplomatique lourd de sens. Rapporte Jeune Afrique
Le 27 mai, le président russe Vladimir Poutine a nommé deux nouveaux ambassadeurs au Maroc et en Algérie, qui ont pris leur poste au début de juin. Un geste diplomatique inattendu, voire surprenant dans le contexte de la guerre menée par la Russie en Ukraine depuis le 24 février.
Le site d’information marocain Le Desk évoque quant à lui « un jeu de chaises musicales », puisque le nouvel ambassadeur russe à Alger n’est autre que Valerian Shuvaev, en poste à Rabat depuis 2018. En Algérie, ce dernier succède à Igor Belyaev, tandis qu’au royaume, le diplomate a été remplacé par Vladimir Baibakov.
La voie de l’apaisement ?
Nommé ambassadeur à Alger en 2017, Igor Belyaev a été remercié par le Kremlin 48 heures après avoir soutenu publiquement l’autodétermination des populations sahraouies et avoir fait un parallèle entre la présence du Maroc au Sahara et l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens. Au début d’avril déjà, Belyaev avait fustigé le revirement diplomatique de l’Espagne, qui a finalement apporté son soutien au plan d’autonomie pour le Sahara, promu par le Maroc depuis 2007.
Allié historique de l’Algérie, grand soutien de l’institution militaire algérienne, Moscou a toujours été proche de la position d’Alger sur le Sahara : il prône notamment un dialogue direct – ce que refuse le Maroc – entre le royaume et le Polisario, dont il nie la responsabilité dans la rupture du cessez-le-feu à Guerguerate en novembre 2020. Néanmoins, depuis maintenant six ans, et ce, à la faveur d’un nouvel élan dans les relations russo-marocaines, le Kremlin s’est abstenu de voter toutes les résolutions sur le Sahara au sein des Nations unies.
Denise KAVIRA KYALWAHI