Pendant des décennies, Haïti avait une lourde dette envers la France. À présent, ce pays a pu s'acquitter de cette dette vis à vis de Paris. C'est dans ce sens que, l’émission de RFI "Décryptage " mercredi, était consacrée à l’écrasante dette qu’Haïti a dû payer pendant des dizaines d’années à la France, dont il venait de prendre son indépendance. Le New York Times a par ailleurs dédié une série d’articles à cette dette qui, selon le quotidien américain, a coûté au développement économique de l’île entre 21 et 115 milliards de dollars de pertes.
Haïti se libère de la colonisation française, en 1804. Mais vingt ans après, le roi Charles X envoie un navire de guerre et oblige les anciens colonisés à verser 150 millions de francs de réparations à la France. Incapable de payer cette dette, Haïti s’est endetté auprès de banques françaises.
Selon le "New York Times", en l’espace de 64 ans, le pays a dû verser l’équivalent de 560 millions de dollars actuels. La perte en développement économique qui en découle oscillerait, entre 21 et 115 milliards de dollars sur deux siècles. Le quotidien accuse également la banque française CIC, d’avoir siphonné à la fin du 19ᵉ siècle, par l’intermédiaire de la Banque nationale haïtienne qu’elle contrôlait, des dizaines de millions de dollars - qui lui ont notamment permis de financer la construction de la tour Eiffel.
Le Crédit Mutuel, la maison-mère du CIC, a repondu à l’enquête, annonçant le financement de « travaux universitaires indépendants pour faire la lumière sur ce passé ». Enfin, le New York Times rappelle le pillage des réserves d’or haïtiennes par les Marines américaines, soit 500 mille dollars volés en 1914, un an avant l’invasion du pays par l’armée américaine, pour une occupation qui allait durer jusqu’en 1934.
Après quoi, Washington allait encore garder le contrôle des finances haïtiennes pendant plus de dix ans.
Rosine MANGA