Société

La Chine réforme son secteur de l’éducation pour pallier le manque d'employés qualifiés dans l’industrie

La Chine réforme son secteur de l’éducation pour pallier le manque d'employés qualifiés dans l’industrie

Au total, 12 millions d’élèves viennent de terminer les épreuves du Gaokao (L’équivalent du bac), en Chine. Il s’agit d’un examen qui donne accès au cycle d’études supérieures. L’éducation visant surtout à rediriger les élèves vers des filières professionnelles pour pallier le manque de main-d’œuvre dans le secteur de l'industrie, le pays veut ainsi réformer son système éducatif.

 

Les chiffres du ministère chinois de l’Éducation indiquent qu’aujourd’hui, 50% de jeunes accèdent à l'université, alors qu’ils étaient 40% en 2016. Mais, selon cette source, il reste le barrage du Zhongkao, une sorte de brevet des collèges, véritable muraille à franchir pour les élèves venus des campagnes notamment, et qui effectue une sorte de premier « tri ».

L'État encourage à faire des études supérieures puisqu’avec ces 12 millions de candidats au Gaokao, c’est 10 % de plus que l’an passé. Mais la Chine est dans un « piège à revenus intermédiaire ». Pour arriver à une « société de moyenne aisance » comme disent les autorités, il faut combler le retard de scolarisation au lycée entre les zones rurales et les zones urbaines. Mais en fait, la réforme de l’éducation vise surtout à rediriger les élèves vers des filières professionnelles.

Des machines sophistiquées, une main-d'œuvre qualifiée

La réforme de l’éducation est ce qu’on appelle la réforme « 3 + 4 ». Il s’agit de faire les trois premières années de lycée et quatre autres dans une université de Sciences appliquées. Car les usines de l’atelier du monde manquent de bras aujourd’hui ; les enfants des travailleurs migrants préférant la relative liberté du scooter et du métier de livreur aux chaînes de montage. Or, selon notre source, l'urgence est. L’industrie manque de main-d’œuvre qualifiée capable de commander des machines et des robots de plus en plus sophistiqués. Le président de la chambre de commerce européenne à Pékin, l’Allemand Joerg Wuttke estime que c'est d’ailleurs en partie un problème culturel.

« Quand on parle de la réduction des effectifs sortant du système éducatif chinois, c’est une question très importante. La force du système éducatif notamment en Europe centrale, c’est de former ceux qui se situent à l'interface entre les cols blancs et les cols bleus. C’est quelque chose qui manque en Chine et c'est très important, parce que ce sont ces salariés en bleu de travail qui conduisent des machines très sophistiquées. Mais ils ont toujours le bleu de travail. Ils ne sont pas assis dans de jolis bureaux et il y a toujours une réticence chez les diplômés qui ont fait de longues études à rentrer chez eux et à dire à leurs parents : Ah au fait, je vais travailler à l’usine ! », a-t-il démontré.

L’industrie en Chine, les clefs de la réussite

La Chine est devenue la première puissance industrielle du monde en 2010, avec 19,8 % de la production industrielle, contre 19,4 % pour les États-Unis. La valeur ajoutée de la production manufacturière de la Chine a atteint 1995 milliards USD en 2010 ; 1952 milliards USD pour les Etats-Unis. Cependant la productivité de l’industrie chinoise restait largement inférieure aux États-Unis: le secteur manufacturier aux USA employait 11,5 millions de salariés contre 100 millions en Chine.

Ainsi le gouvernement chinois a déjà identifié 7 types d’industrie porteuse. C’est notamment au niveau des nouvelles générations de technologies de l’information (Huawei est le premier équipementier télécom à l’échelle mondiale), de l’économie d’énergie et la protection de l’environnement, des nouvelles énergies. La Chine reconnait aussi son activité dans la biologie, la fabrication d’équipements haut de gamme, les nouveaux matériaux, les voitures à énergies nouvelles et le ferroviaire.

Visesa Louangel