Société

UNESCO : envisage intégré la langue maternelle dans l’enseignement

UNESCO : envisage intégré la langue maternelle dans l’enseignement

Faut-il refonder l'école pour intégrer les langues maternelles ? C'est en tout cas la volonté de  L’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, (UNESCO)

Yao Ydo directeur du bureau international d’éducation de l’Unesco souligne à radio France Internationale qu'il faut donner les mêmes chances à tous les enfants, tout en précisant que l'on doit réserver aux apprenants les avantages d’un enseignement en langue maternelle dès le plus jeune âge. Et ce, pour réduire les écarts entre les enfants en villes et ceux en zones rurales.

Enfin, il estime que favoriser les langues maternelles dans l'enseignement, c'est aussi une façon d’aider les enfants à garder un lien avec leur héritage culturel.

Montrant la voie, l’UNESCO plaide pour un enseignement multilingue basé sur la langue maternelle dès les premières années de la scolarisation. La recherche montre que l’enseignement en langue maternelle est un facteur essentiel d’inclusion et d’apprentissage de qualité et qu’il améliore les acquis de l’apprentissage et les performances scolaires. Cela est crucial, en particulier à l’école primaire, pour éviter les lacunes dans les connaissances et pour accroître la vitesse d’apprentissage et de compréhension. Et surtout, l’enseignement multilingue basé sur la langue maternelle permet à tous les apprenants d’arriver à une pleine participation dans la société. Il favorise la compréhension mutuelle et le respect d’autrui et contribue à préserver la richesse du patrimoine culturel et enraciné dans toutes les langues du monde.

Selon l’UNESCO il reste encore un long chemin pour atteindre l’objectif « garantir à tous les apprenants le droit à l’éducation dans leur langue maternelle ».  La majorité des élèves venant de différents pays du monde reçoivent un enseignement dans une langue autre que leur langue maternelle, ce qui compromet leur capacité à apprendre efficacement. Les études précédentes montrent que 40 % de la population mondiale n’ont pas accès à un enseignement dans une langue qu’ils parlent ou comprennent. On dénombre actuellement environ 7 000 langues parlées dans le monde, mais cette diversité linguistique est de plus en plus menacée car de plus en plus de langues disparaissent à un rythme alarmant. Et la disparition de chaque langue s’accompagne de la perte de tout un patrimoine culturel et intellectuel. Son importance est comprise dans la scolarisation dès la petite enfance, et l’engagement s’est accru en faveur de son développement dans la vie publique. De récentes initiatives ont été couronnées de succès, qui visaient à promouvoir l’enseignement fondé sur la langue maternelle à Djibouti, au Gabon, en Guinée, en Haïti et au Kenya.

Signalons que les conclusions du nouveau rapport de l’UNESCO Du droit à l’action au niveau national montrent les efforts nationaux déployés par différents pays pour favoriser la diversité culturelle et linguistique. L'UNESCO a récemment dévoilé son Atlas mondial des langues, une initiative sans précédent visant à préserver, redynamiser et promouvoir la diversité linguistique mondiale et le multilinguisme.

Impact de la COVID-19 sur l’enseignement en langue maternelle

Les inégalités éducatives déjà existantes dans le monde ont été révélées et creusées par les fermetures des établissements scolaires engendrées par la pandémie de COVID-19. Ces fermetures ont duré en moyenne dans le monde entre 20 semaines et plus de 70 semaines dans certains cas, soit plus d’une année scolaire complète. Comme toujours, elles ont eu un impact plus fort sur les apprenants vulnérables et marginalisés, y compris les autochtones et les locuteurs de langues appartenant à des groupes minoritaires. Selon les estimations des Nations Unies, près de 500 millions d’élèves du préprimaire au second cycle de l’enseignement secondaire n’ont pas eu accès aux possibilités d’apprentissage à distance pendant les confinements.

Dans de nombreux pays, les outils, programmes et contenus d’enseignement et d’apprentissage à distance n’ont pas toujours pu refléter la diversité linguistique, car ils étaient largement dispensés dans les langues nationales ou internationales dominantes. Lorsque le contenu d’apprentissage à distance n’est pas disponible dans la langue maternelle des élèves, cela augmente le risque de perte d’apprentissage, de décrochage et d’exclusion. De nombreux apprenants n’ont pas eu l’équipement nécessaire, l’accès à Internet, le matériel accessible, le contenu pertinent aux contextes et aux besoins, et le soutien humain qui leur aurait permis de suivre l’apprentissage à distance. Nombre d’enseignants ne disposaient pas non plus des compétences et de la préparation nécessaires pour exploiter l’enseignement à distance. Ils ont également eu du mal à utiliser des outils numériques dans des langues qu’ils ne maîtrisent pas toujours.

. Le manque d’accès aux contenus d’apprentissage numérique aggrave les inégalités, la marginalisation et l’exclusion. Un autre élément qui exacerbe cette fracture numérique est le fait que de nombreuses langues ne sont pas présentes sur Internet : il existe aujourd’hui une fracture linguistique majeure dans le cyberespace. Il est donc essentiel d’intégrer les langues dans le monde numérique et de créer des contenus d’apprentissage inclusifs. L’apprentissage à distance fondé sur la langue maternelle devrait être intégré dans les systèmes éducatifs afin que tous les apprenants, en particulier ceux qui sont issus de minorités linguistiques, puissent accéder à l’enseignement pendant la fermeture des écoles et au-delà.