La partie sahélienne du groupe d'État islamique est à l’attaque depuis le début du mois de mars dernier, autour de la localité d’Anderamboukane, région de Ménaka, dans le nord-est du pays. Deux bandes armées signataires de l’accord de paix, le MSA et le Gatia, combattaient seuls depuis trois mois. Cepandent ce week-end, l’armée malienne s’est enfin associé à eux pour reprendre, samedi et dimanche le contrôle d’Anderamboukane.
Les affrontements ont duré plusieurs heures ce dimanche, à Anderamboukane et à Tadjalalt, une vingtaine de kilomètres de plus à l’Ouest, d'une base de l’EIGS.
On a observé de nombreux scènes de combats, des embuscades, au terme desquelles le MSA, le Gatia et les Fama se sont en fin réfugiés.
Aucun bilan fiable et recoupé n’est disponible, mais les différentes sources militaires et sécuritaires parlent de plusieurs dizaines de morts et de disparus des deux côtés. Le MSA et le Gatia indiquent que des blessés ont été évacués et pris en charge dans la ville de Ménaka.
Pour rappel, il y'a une dizaine de jours, les jihadistes de l’EIGS avaient mené une nouvelle série d’attaques, mobilisant plusieurs centaines de combattants. Ces attaques avaient vidé leurs habitants et beaucoup de communes de la localité de Ménaka.
Environ 20 000 habitants en temps réel d'Anderamboukane, avaient subi d’importantes destructions et la totalité de sa population avait dû fuir.
Toutefois, l'armée malienne, depuis trois mois, laissait le MSA et le Gatia combattre seuls pour défendre les habitants et le territoire. Les Fama se sont donc finalement engagés, depuis samedi, sur ce théâtre de combats.
D'après plusieurs sources militaires et sécuritaires, les supplétifs russes des Fama ne seraient, pour le moment en tout cas, pas présents.
Réfutant des rumeurs selon lesquelles ils auraient été blessés au combat, le général El Hadj Ag Gamou, proche du Gatia et qui commande le GTIA8 de l'armée malienne, et Moussa Ag Acharatoumane, qui commande le MSA, ont publié une photo d’eux sur une natte, en plein désert, téléphone satellite en main et hommes armés à leur côté. Ils étaient dimanche soir de retour à Ménaka.
Pas d'intervention de Barkhane.
La force française Barkhane a toujours une base à Ménaka, mais elle n’intervient pas dans ces combats. « Nous n’avons pas été sollicités », affirme une source à l’état-major, qui rappelle que Bamako a dénoncé les accords de défense qui liaient les deux pays et qu’il n’y a plus de coopération militaire. Dans ces conditions, pas d’aide de la part de Barkhane, ni pour du renseignement, ni pour des frappes aériennes.
Les Français ont d’ailleurs commencé leur désengagement. Ils auront finalement quitté Ménaka « dans quelques semaines ».
La Minusma, elle, a été sollicitée par l’armée malienne, les casques bleus ont évacué ce dimanche quatre soldats blessés au combat.
La Minusma avait déjà annoncé, la semaine dernière, une intensification de ses patrouilles dans et autour de la ville de Ménaka. De source onusienne, des hélicoptères de combat sont en cours de redéploiement à Ménaka pour la protection des civils.
Depuis début mars, l’EIGS a tué au moins 264 civils dans la région de Ménaka, selon un décompte onusien. Sans doute beaucoup plus, selon les estimations de sources civiles et sécuritaires locales.
Les Nations Unies comptent aussi plus de 23 000 déplacés, côtés malien et nigérien de la frontière, depuis le début du mois de mars.
Une marche silencieuse a été organisée ce jour à Ménaka, par la société civile, pour demander que la situation soit érigée en priorité par l’État malien et pour solliciter l’appui de la communauté internationale.
Rosine MANGA