À la veille des élections, hier mercredi, la commission électorale a recommandé la suspension du leader du parti Move Forward et candidat au poste de premier ministre, Pita Limjaroenrat à l’Assemblée nationale, pour des soupçons d’irrégularités. L’annonce plonge le royaume dans l’incertitude, à la veille du vote attendu par les députés et les sénateurs réunis pour désigner le prochain chef du gouvernement, fonction que seul Pita brigue pour le moment. Pour rappel, les électeurs ont infligé en mai une défaite cinglante au camp conservateur, mais l’alternance réclamée risque de heurter le mur d’une Constitution favorable aux intérêts de l’armée qui l’a rédigée, au risque d’engendrer de nouvelles manifestations. Toutefois, la commission électorale a estimé qu’il y avait suffisamment d’éléments pour transmettre à la Cour constitutionnelle le dossier du député Move Forward, accusé d’avoir possédé durant la campagne des actions dans une chaîne de télévision, en contradiction avec la loi. Le président de l’instance Ittiporn Boonprakong, interrogé par l’AFP, a confirmé qu’il recommandait la suspension de Pita, visage du renouveau politique en Thaïlande. Le parlementaire âgé de 42 ans, qui risque la prison, la perte de son siège et l’inéligibilité durant 20 ans, se défend de toute manœuvre illégale. Le royaume espère un nouveau Premier ministre, après une quasi-décennie de domination militaire qui a vu les libertés fondamentales reculer et la croissance économique stagner. «Le vote de ce 13 juillet n’est pas au sujet de Pita ou de Move Forward, mais c’est un vote pour s’assurer que la Thaïlande s’engage sur la voie normale de la démocratie», a assuré mardi Pita Limjaroenrat, plaidant pour un gouvernement issu de la volonté du peuple. En cas d’échec jeudi, députés et sénateurs se réuniront autant de fois que nécessaire jusqu’à la nomination d’un Premier ministre, avec la possibilité que le consensus se fasse autour d’un autre candidat.