La délivrance de visas pour les ressortissants russes sera désormais «plus difficile» et «plus longue», d'après le chef de la diplomatie de l’UE ( Union Européenne). Les pays limitrophes pourront prendre des décisions au niveau national pour réduire l’entrée de leurs voisins. « Une moitié-mesure», d'après Kiev.
La suspension de l'accord d'assouplissement de 2007 va rendre l'obtention de visas pour les ressortissants russes "plus difficile" et "plus longue", d'après le chef de la diplomatie européenne.
Les Européens étaient divisés sur la question. Finalement, les ministres des Affaires Étrangères de l’UE ont décidé ce mercredi 30 août, de suspendre l’accord sur l’assouplissement du régime des visas avec la Russie, cependant n’ont pas décidé d’une interdiction de visa plus large, comme le demandaient les pays baltes et la Pologne.
Josep Borrell a affirmé que les ministres réunis à Prague s'étaient entendus, que les relations avec Moscou « ne pouvaient pas rester inchangées» et que l’accord, conclu en 2007, devait être « complètement suspendu ».
Au cours de la réunion informelle de Prague, il a indiqué que cette suspension rendrait l’obtention de visas pour les ressortissants russes « plus difficile » et « plus longue ».
« Ceci réduira considérablement le nombre de nouveaux visas délivrés par les États membres de l’UE », a-t-il ajouté. Cet accord de 2007 avait déjà été partiellement suspendu après le début de l’invasion de l’Ukraine pour certains citoyens russes proches du régime de Vladimir Poutine.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, qui était également présent à Prague pour les discussions, a qualifié la suspension de l’accord de « demi-mesure ». « Nous sommes à un moment où l’ère de la paix en Europe est terminée, tout comme l’ère des demi-mesures. « Les demi-mesures (...) à l’égard de la Russie sont exactement ce qui a conduit à l’invasion à grande échelle du 24 février », a-t-il dit.
Une concession aux pays limitrophes.
Les pays de l’Est membres de l’UE avaient demandé des mesures plus restreintes. Une concession leur a été faite. Les pays limitrophes de la Russie pourront «prendre des mesures au niveau national pour réduire l’entrée dans l’Union européenne », a annoncé Josep Borrell. «Nous avons constaté une augmentation substantielle des passages frontaliers de la Russie vers les États voisins. Cela devient un risque pour la sécurité », a-t-il cependant estimé sur Twitter.
Il a par ailleurs précisé que ces mesures devraient être conformes aux règles de l’espace Schengen et a noté qu’il était important que les membres de la société civile russe puissent continuer à se rendre dans l’Union européenne.
Avant la réunion, la Pologne et les trois États baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) avaient annoncé qu’ils envisageaient d’interdire les voyageurs russes si l’UE dans son ensemble ne le faisait pas. Dans une déclaration commune obtenue par l’AFP, les quatre pays avaient déclaré que la suspension de l’accord était « une première étape nécessaire ». « Cependant nous devons limiter de manière drastique le nombre de visas délivrés, surtout les visas touristiques, afin de réduire le flux de citoyens russes dans l’Union Européenne et l’espace Schengen », avaient-ils répliqué.
Ils ont rapporté que cette mesure devrait comporter des exceptions « pour les dissidents ainsi que pour d’autres cas humanitaires ».
« Jusqu’à ce que de telles mesures soient mises en place au niveau de l’UE, nous (...) envisagerons d’introduire au niveau national des mesures temporaires d’interdiction de visa ou de restriction du franchissement des frontières pour les citoyens russes titulaires de visas européens », peut-on lire dans la déclaration rédigée en anglais.
Pour rappel il faut signaler que, les 26 pays de l’espace Schengen (22 États de l’UE, plus Norvège, Islande, Suisse et Liechtenstein) ont reçu en 2021 trois millions de demandes de visas de court séjour toutes catégories confondues (tourisme, études, voyages d’affaires…), les Russes étant les plus nombreux avec 536 000 demandes.
Rosine MANGA
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