Les partis politiques sont en partie financés par de l’argent public, dont la manne est répartie en fonction des résultats des législatives. L’enjeu de ce scrutin est donc également financier, surtout pour les partis dont la déroute à la présidentielle a plombé les comptes. Aux soirs du premier et du second tour des élections législatives, les dimanches 12 et 19 juin, les partis politiques français ne compteront pas que leurs voix. Ils auront aussi un œil sur leurs comptes en banque. Le scrutin, qui déterminera la composition de l’Assemblée nationale, va aussi clore un chapitre électoral 2022 déterminant pour les finances des partis politiques.
Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, la facture s’annonçait lourde pour certaines équipes de campagne. En échouant à atteindre le seuil fatidique de 5 % des suffrages exprimés, Valérie Pécresse (LR), Yannick Jadot (EELV) et Anne Hidalgo (PS) ont placé leurs partis dans une situation financière délicate.
Alors qu’ils avaient dépensé respectivement 15 millions, 6 millions et « moins de 10 millions » pour les socialistes, ces partis prétendaient à un remboursement de la moitié (47,5 %) de leur frais de campagne par l’Etat.
Or, faute de résultats, ils ne recevront que 800 000 euros, le plafond maximum garanti à l’intégralité des candidats qui n’ont pas franchi la barre des 5 %. Une somme bien insuffisante pour permettre à ces partis de rembourser leurs prêts bancaires.
Si la présidentielle est considérée en France comme l’élection reine et mobilise énormément de dépenses de la part des partis, ce sont paradoxalement les législatives qui leur rapportent le plus de recettes.
Chaque année, l’Etat consacre 66 millions d’euros au financement public des partis politiques. Cette manne est distribuée en fonction de deux critères cumulatifs.
Dans un premier temps, chaque parti politique qui a obtenu au moins 1 % des voix dans au moins 50 circonscriptions reçoit, par an, 1,42 euro par voix obtenue.
Ensuite, chaque député élu donne droit à 37 280 euros par an au parti auquel il est rattaché, à condition qu’il soit éligible au financement public. Pour ce faire, les partis doivent présenter chaque année leurs comptes à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), qui statue sur leur bonne tenue.
C’est donc une manne importante sur laquelle aucun parti politique en France ne peut cracher. En plus de l’enjeu politique, il y a bien un enjeu financier dans les élections législatives en France, un enjeu dont dépend la survie de certains partis politiques.
Loris-Clet ADIANG