Le Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso a suspendu pour six mois la diffusion de TV5 Monde-Afrique et infligé une amende de 50 millions de francs CFA (76 224,74 euros) à la chaîne française. Cette décision fait suite à des manquements constatés dans le contenu d'une édition du journal télévisé diffusée le 11 juin 2024. Cette sanction illustre les tensions croissantes entre la France et l'Alliance des États du Sahel (AES) composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger. L'AES, créée en septembre 2023, vise à coordonner les efforts militaires, économiques et de défense collective face aux menaces terroristes et criminelles dans la région.
Remise en cause des accords de coopération
L'article 6 de la Charte de l'AES prévoit une assistance mutuelle, y compris l'usage de la force armée, en cas d'atteinte à la souveraineté d'un des États membres. Cette disposition semble remettre en cause les accords de coopération militaire existants, notamment avec la France qui déployait jusqu'à récemment des troupes au Sahel. De plus, l'article 10 stipule que le financement de l'AES se fera principalement par les trois pays signataires, laissant présager une possible création d'une monnaie commune à terme pour s'affranchir du franc CFA émis par la France.
Tensions diplomatiques et médiatiques
La suspension de TV5 Monde-Afrique et l'amende infligée témoignent des tensions diplomatiques et médiatiques entre la France et les pays de l'AES. Ces derniers semblent déterminés à affirmer leur souveraineté face à l'ancienne puissance coloniale, y compris dans le domaine de l'information. L'AES entend ainsi lutter contre ce qu'elle considère comme une "délinquance informationnelle" des médias étrangers, menaçant la sécurité et la souveraineté des États membres. Cette décision pourrait annoncer de nouvelles sanctions à l'encontre des chaînes jugées partiales ou contraires aux intérêts de l'Alliance.