Politique

Politique : le face à face Poutine contre Macron en Afrique

Politique : le face à face Poutine contre Macron en Afrique

Les relations de coopération entre la France et les pays d'Afrique Sub-Sahariennes sont au plus bas. L'on pourrait même dire que depuis l'époque des indépendances, ces ralations n'ont jamais été aussi conflictuelles. De Bamako à Ouagadougou en passant par Conakry et Bangui, la monté de fièvre géopolitique est perceptible entre la France et ses anciennes puissances coloniales. Tandis que l'ensemble de l'Europe et la communauté internationale presqu'à l'unanimité ont condamnés le récent coup d'État militaire au Burkina-Faso, la Russie elle, à travers un proche du Kremlin Evgueni Prigojine, a salué ce Putsch. Un geste qui pourrait se traduire comme un face à face entre Paris et Moscou qui visiblement est en quête d'un repositionnement en Afrique.

Rien ne vas plus entre Paris et ses anciennes puissances coloniales. Un sentiment anti-impérialiste qui gagne de plus en plus du terrain en Afrique et qui s'est accentué depuis l'arrivée au pouvoir d'Émmanuel Macron. Les pays africains reprochent à Paris, de tenir un discours "plein de mépris, d'arrogance et un manque de considération" à leur égard. L'on a par exemple vu lundi, l'expulsion de l'ambassadeur de France au Mali par les autorités maliennes. Après le communiqué lu à la télévision nationale malienne, Paris a lui aussi ordonné le départ du diplomate malien de son territoire.

L'on pourrait dire que s'en est terminé de l'époque où, la France coptait les Chefs d'États au pouvoir avec ce qu'elle appelait "la Françafrique" du temps de la Guerre Froide. La France qui dominait au plan politique, économique, financier où, ses partenaires occidentaux lui laissaient gérer le pétrole, l'uranium bref toute cette politique des pébendes. Après la Guerre Froide, la France a continué à se comporter comme étant chez elle en Afrique, comme si tout lui était acquis. Le "Style Macron", qui marque d'une certaine façon, la rupture avec une culture parfois complaisante, qui a toujours caractérisé les relations entre la France et ses anciennes colonies. Jusqu'à ce qu'arrivent la Chine, la Turquie et le retour de la Russie.

Le sentiment anti-français qui est manifeste dans les rues ( Burkina-Faso, Mali...), les messages anti-français diffusés dans les réseaux sociaux attisent le ressentiment à l'égard des anciennes puissances coloniales, tensions au sujet du "Franc CFA", la monnaie coloniale. Toujours selon les critiques, l'engagement présidentiel d'Émmanuel Macron avec l'Afrique est pour l'instant marqué par des discours d'offenses ou d'autocratisme qui alimentent de plus en plus ce sentiment de rencœur et hostile envers la France en tant qu'ancienne puissance coloniale, chez les jeunes intellectuels africains. Certaines personnes accusent même la France de maintenir les troupes déployées, pour protéger ses intérêts économiques ( l'exploitation de l'uranium au Niger)

Au regard des tensions qui perdurent entre Paris et les pays africains, la Russie elle, cherche à maintenir ou à étendre son influence. L'intérêt de la Russie pour les pays d'Afrique Sub-Sahariennes est de plus en plus visible; où elle développe des relations commerciales et sécuritaires. On voit notamment un renouvellement des relations économiques des hommes d'affaires russes, au Soudan, en République Centrafricaine, au Mali etc... Paris accuse Moscou de l'envoi de mercenaires Russes en Afrique à travers le groupe Wagner ( un entrepreneur militaire Russe qui aide le gouvernement Centrafricain à combattre les rebelles qui menacent d'envahir Bangui. Le groupe Wagner est également présent au Mali), qui est présent en Centrafrique, au Mali. À ce sujet, Vladimir Poutine dit avoir le droit de "défendre leurs intérêts commerciaux dans tous les coins de la planète". Selon Inna Andronova, professeure à l'école supérieure d'Économie de Moscou, " la Russie cherche à rétablir et à renforcer sa présence sur le continent africain". L'ex-Union Soviétique qui était un acteur important en Afrique. Ce poids économique et politique a diminué avec la fin de la "Guerre Froide".

Les exportations d'armes sont également l'un des domaines d'intervention de la Russie en Afrique où, ses ventes ne cessent d'augmenter. Selon les données fournies par l'Institut Internationale de Recherche sur la Paix de Stockholm (SIPRI) en Suède, l'Algérie est le plus gros client sur le continent. l'Égypte devient aussi un client important de la Russie. Le pays d'Abdel Fatah Al-Sissi, a longtemps bénéficié de l'aide militaire américaine. Les données de SIPRI montrent également qu'en 2016-2017, la Russie a reçu ou livré des commandes provenant de plusieurs pays africains comme le Burkina-Faso, la Guinée Équatoriale, l'Angola, le Cameroun, le Mali, le Soudan du Sud, le Soudan et le Ghana. Il s'agit, des hélicoptères de transport et de combat, des avions de combat et de systèmes de missiles Sol-air.

En 2018, la Russie a signé des accords avec l'Angola, la Namibie, le Mozambique, le Zimbabwé et l'Éthiopie, pour renforcer les relations économiques avec les pays en question. Elle a aussi conclu un accord avec l'Érythrée pour la construction d'un centre commercial dans un port érythréen.

En 2019, Vladimir Poutine déclarait que "les relations russo-africaines sont à la hausse". Il parlait aussi de l'appui politique et diplomatique, de l'aide à la défense et à la Sécurité, Assistance, économique, conseils pour lutter contre les maladies, l'Aide humanitaire, l'éducation et la formation professionnelle. La République Centrafricaine aussi, s'appuie désormais sur l'expertise militaire Russe. Elle a même signé des accords miniers avec la Russie. Des accords qui lui permettent d'exploiter l'or et le diamant et l'uranium.

La Russie, d'une façon ou d'une autre a toujours été présente en Afrique. Choguel Maiga ( actuel premier ministre malien), le ministre de la défense Sadio Camara ou encore Assimi Goïta ( actuel président malien), sont tous des purs produits de l'école militaire Russe. Pour l'instant, la France reste présente en Afrique à travers les forces spéciales européennes, Barkhane, Minusma et Takuba, dont le Mali a décidé du départ de son territoire.

Virginie EDIMA.