La situation reste tendue au Sénégal après les violences ayant émaillé les récentes manifestations contre un 3e mandat présidentiel de Macky Sall. Plusieurs voix s'élèvent désormais pour réclamer des poursuites judiciaires contre le chef de l'État.
Un mandat d'arrêt controversé
C'est un juge d'instruction qui a créé la surprise en lançant fin mai un mandat d'arrêt international contre Macky Sall pour "crimes contre l'humanité". Une décision pour l'heure purement symbolique, le président bénéficiant d'une immunité totale. Mais cette initiative fait écho aux appels de l'opposition et de la société civile, qui dénoncent la répression sanglante des dernières manifestations ayant fait une trentaine de morts selon l'ONU. "Macky Sall doit rendre des comptes sur les exactions commises par ses forces de l'ordre et sa justice aux ordres", martèle Ousmane Sonko, principal opposant.
La rue remontée
Sur le terrain, la colère ne faiblit pas contre le régime en place. De nouvelles manifestations ont eu lieu ce week-end à Dakar et dans plusieurs villes du pays pour demander le départ du président." On ne lâchera rien tant que Macky n'aura pas payé pour ses crimes !", lance un manifestant. Les appels à la désobéissance civile se multiplient. Pour l'heure, le chef de l'État sénégalais reste muet sur ce mandat d'arrêt qu'il considère comme une "mascarade judiciaire". Mais la pression de la rue pourrait le contraindre à s'expliquer sur la gestion des derniers événements.
Risque d'enlisement
Certains analystes redoutent cependant un enlisement de la crise si aucun dialogue n'est relancé entre les différents camps. "Il faut absolument trouver une issue négociée sous peine d'un embrasement généralisé", prévient un responsable de l'ONU. L'organisation d'élections législatives dans un climat apaisé pourrait constituer une première étape. Mais les positions semblent aujourd'hui irréconciliables entre le pouvoir et une opposition qui exige de vraies concessions démocratiques. Au Sénégal, la période estivale s'annonce une nouvelle fois agitée sur le plan politique et sécuritaire. Un test pour la stabilité de ce pays réputé être un exemple de démocratie en Afrique de l'Ouest.