Le blocage des forces russes dans l'est de l'Ukraine continue. L'armée ukrainienne a indiqué avoir repris le contrôle de la ville stratégique d'Izioum, un jalon important dans sa contre-offensive pour rejoindre le territoire conquis par la Russie depuis son invasion en février.
D'après les chercheurs militaires, la perte d'Izioum risque de retarder sérieusement les ambitions militaires de Moscou dans l'est ukrainien.
En soirée, cette partie a subi de vastes coupures d'électricité, imputées aux « terroristes russes » par Volodymyr Zelensky.
Dans son adresse quotidienne au 200e jour du conflit, le président ukrainien a remercié les militaires qui ont libéré des centaines de nos villes et villages […] dont les plus récents sont Balaklia, Izioum et Koupiansk.
Conséquence de la réussite de la contre-offensive de nos troupes dans la région de Kharkiv, les troupes russes abandonnent rapidement leurs positions et s'enfuient, particulièrement vers la Russie, a rapporté l'état-major ukrainien dans la soirée, avant l'annonce de la reprise d'Izioum par M. Zelensky.
Le patron de l'administration d'occupation russe de la région d'Izioum, Vladislav Sokolov, avait admis samedi que la situation y était pénible.
Ces deux dernières semaines, la localité est visée par des frappes des forces ukrainiennes, notamment avec des munitions de type Himars […] ce qui provoque de graves destructions et fait beaucoup de morts et de blessés, avait-il annoncé. Les Himars sont des Yvelines lance-roquettes multiples fournis à Kiev par Washington.
Samedi, l'armée russe a affirmé avoir retiré ses forces présentes dans les zones de Balaklia et d'Izioum, dans l'est ukrainien où Kiev fait un bilan d'avancées dans sa contre-offensive, pour les regrouper près de Donetsk, l'une des capitales des séparatistes prorusses, plus au sud.
Ce même jour, Kiev avait annoncé que ses forces étaient entrées dans Koupiansk, qui se trouve sur des itinéraires d'approvisionnement des troupes russes.
Front autour de Kharkiv
La situation n'est légèrement meilleure pour les Russes un peu plus au nord. La carte de la région ukrainienne de Kharkiv, présentée dimanche par le ministère russe de la Défense pendant son point de presse quotidien, a montré un retrait d'ampleur de l'armée russe de cette région, théâtre d'une vaste contre-offensive ukrainienne.
D'après cette carte présentée dans la vidéo du point de presse, l'armée russe ne contrôlait plus dimanche qu'une petite partie du territoire dans l'est de la région de Kharkiv, derrière la rivière d'Oskol.
Lors du précédent point de presse , samedi, la carte utilisée par le ministère présentait que l'armée russe occupait à ce moment-là des territoires bien plus vastes de cette région où le régime de Kiev a annoncé ces deux derniers jours d'importants avantages territoriaux face aux forces russes.
Au final, depuis début septembre, plus de 3000 kilomètres carrés sont revenus sous contrôle ukrainien, a annoncé dans un communiqué le général Valeri Zaloujny, commandant en chef de l'armée ukrainienne dimanche.
« Autour de Kharkiv, nous avons commencé à avancer non seulement au sud et à l'est, pourtant aussi vers le nord. Nous sommes à 50 kilomètres de la frontière » a-t-il rétorqué.
Le gouverneur russe de la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a rassuré que des milliers de personnes avaient fui la région de Kharkiv pour la Russie.
Au début du mois, l'armée ukrainienne a tout de même annoncé une contre-offensive dans le sud, avant de réaliser au cours de la semaine écoulée une percée surprise et éclair des lignes russes dans le nord-est, dans la région de Kharkiv.
Deux soldats discutent ensemble devant des ruines.
Selon l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), basé à Washington, les forces ukrainiennes ont avancé par endroits sur une profondeur de 70 km et ont repris en cinq jours plus de territoires que les Russes n'en ont conquis dans toutes leurs opérations depuis avril.
Dans une allocation vidéo, le président Volodymyr Zelensky s'est dit satisfait que le magnifique drapeau ukrainien flotte de nouveau sur Tchkalovske, dans la région de Kharkiv.
"Il en sera de même partout. Nous chasserons les occupants de chaque ville et de chaque village d'Ukraine".
Le président ukrainien, Volodymyr
Des armes, des armes, des armes : c'est à notre ordre du jour depuis le printemps. Je suis reconnaissant aux partenaires qui ont répondu à notre appel, ils ont participé avec nous aux succès de l'Ukraine sur le champ de bataille, a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmitro Kouleba, appelant à la poursuite des livraisons, principalement occidentales.
Situation pénible pour les forces russes.
Sur le plan militaire, la nouvelle progression des forces de Kiev au sud de Kharkiv pourrait enttacher fortement la capacité de la Russie à ravitailler ses forces dans l'est de l'Ukraine et à leur apporter un soutien logistique efficace.
Dans des zones reprises par Kiev, des journalistes de l'AFP ont vu samedi des camions et des chars blindés russes carbonisés, dont certains encore frappés de la lettre Z, le symbole de l'invasion de l'Ukraine entamée le 24 février.
Le drapeau ukrainien est accroché à des statues.
Le drapeau ukrainien a été déposé sur des statues à Balaklia après la reprise de la ville située dans l'est de l'Ukraine.
Ils patrouillaient dans Balaklia, où flottait le drapeau ukrainien, hissé en présence du commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrski.
« Nous achevons aujourd'hui la libération de Balaklia, la première grande ville de notre offensive, et je suis sûr que ce n'est pas la dernière […]. Et devant encore, Izioum et beaucoup d'autres », a-t-il déclaré à cette occasion.
À Lyman, une ville tombée fin mai aux mains des Russes, la situation reste assez difficile, tout comme dans d'autres localités du nord de la République populaire de Donetsk, a reconnu samedi son chef, Denis Pouchiline.
Dans le village de Grakové, tout juste repris par les forces ukrainiennes, les journalistes de l'AFP ont vu des destructions témoignant de la violence de combats, pylônes électriques abattus et câbles étalés sur le sol.
C'était effrayant, il y avait des bombardements et des explosions partout, a raconté Anatoli Vassiliev, 61 ans.
Iryna Stepanenko, 52 ans, a pour sa part pu sortir à bicyclette pour la première fois après s'être enterrée dans sa cave pendant trois mois.
C'était terrifiant, dit-elle à propos de cette vie souterraine dans le bruit des explosions. Soulagée du retour des forces ukrainiennes, elle dit néanmoins craindre la suite.
Rosine MANGA