Un rapport d'Amnesty International publié le 10 juin 2024 dénonce la situation alarmante des femmes et filles rescapées de l'organisation djihadiste Boko Haram au Nigeria. Enlevées pour la plupart dans leur enfance, elles subissent désormais les violences des autorités nigérianes dans le cadre de la politique de "pacification" menée par l'Etat.
Forcées d'épouser leurs anciens bourreaux
Depuis 2021, pour convaincre les combattants de déposer les armes, le Nigeria leur promet l'amnistie mais aussi de "retrouver leurs épouses". Ainsi, une vingtaine d'unions forcées entre ex-djihadistes et rescapées ont été scellées dans des camps de transit avec l'aval du gouvernement. "Les survivantes sont perçues comme des épouses, mais pas comme des victimes", déplore Niki Frederiek, autrice du rapport. Une jeune femme comme YA, mariée de force à deux reprises à des combattants, a été contrainte de les rejoindre.
Maltraitées par l'armée nigériane
Le rapport révèle également les maltraitances infligées par les militaires nigériens aux rescapées initialement détenues illégalement dans des casernes, comme NV, 20 ans, qui a passé 8 ans captive. "Quand les soldats nous apportaient à manger, ils nous donnaient une portion dans la main et un seul bol de soupe à partager pour tout le monde", témoigne-t-elle. L'armée nigériane a nié ces allégations, qualifiant les "sources" d'Amnesty, principalement des survivantes, de "non fiables par nature". Cette double peine illustre le sort tragique de ces femmes, premières victimes de Boko Haram, mais aussi sacrifiées par les autorités censées les protéger