Nouvelle-Calédonie : un scrutin européen chaotique sur fond de violences

Nouvelle-Calédonie : un scrutin européen chaotique sur fond de violences

Les élections européennes du 9 juin 2024 se sont déroulées dans un climat de forte tension en Nouvelle-Calédonie. Barrages routiers, heurts avec les forces de l'ordre et couvre-feu ont gravement perturbé le bon déroulement du vote dans certaines zones.

Un scrutin sous haute surveillance

Dès les premières heures, de sérieux incidents ont éclaté dans les quartiers nord de l'agglomération de Nouméa. À Dumbéa-sur-Mer notamment, les secteurs de Pic aux Chèvres, Koutio et Apogoti ont été le théâtre d'affrontements, poussant les autorités à bloquer la voie express reliant Païta à Nouméa.Face à cette situation explosive, l'État avait dépêché d'importants renforts de forces de l'ordre, avec près de 4000 policiers et gendarmes mobilisés sur ce territoire de 270 000 habitants. Un dispositif sécuritaire massif mais qui n'a pas suffi à assurer un climat apaisé.

Un taux d'abstention record de 86,87%

Dans ces conditions dégradées, de nombreux électeurs n'ont pu accéder aux bureaux de vote regroupés sur une cinquantaine de sites. À midi, la participation n'atteignait que 8,81%, un chiffre finalement très loin de la réalité.Au final, le taux d'abstention a atteint un niveau historique de 86,87% en Nouvelle-Calédonie, avec seulement 29 234 votants sur 222 683 inscrits. Un record qui illustre l'impossibilité pour une grande partie de la population de s'exprimer démocratiquement.

Un scrutin à rebours des résultats nationaux

Malgré ces perturbations majeures, les résultats en Nouvelle-Calédonie ont été publiés. Le parti présidentiel Renaissance est arrivé en tête avec 28,64% des voix, devant le Rassemblement National (21,71%) et Reconquête (16,01%).Un scrutin donc à contre-courant des résultats nationaux, où le RN de Jordan Bardella est arrivé largement en tête avec 31,5% des suffrages. Une percée inédite qui a poussé Emmanuel Macron à dissoudre l'Assemblée et à convoquer des législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet 2024.Si les violences n'ont pas permis un réel exercice démocratique local, elles n'ont pas empêché un séisme politique d'ampleur nationale en métropole. Un scrutin calédonien certes chaotique, mais dont les conséquences majeures pour la France restent encore à mesurer.