L'attaque a été perpétrée dimanche dans le sud du Yémen contre un convoi de membres du gouvernement. Selon des sources de sécurité, l'attaque a fait au moins six morts et une dizaine de blessés.
Dimanche macabre au Yémen. Un attentat non revendiqué pour l'instant a causé la mort de six personnes et fait plus de dix blessés ce dimanche 10 octobre dans le sud du pays. L'attentat à la voiture piégée a visé un convoi de responsables gouvernementaux dont le gouverneur d'Aden, Ahmed Lamlas, le ministre de l'Agriculture, Salem al-Socotri, et un troisième responsable dont l'identité n'a pas été précisée. Selon des sources de sécurité, tous ces fonctionnaires ont survécu.
"La voiture piégée a explosé dans la rue Al-Moualla au passage du convoi de responsables, dont le gouverneur d'Aden, le ministre de l'Agriculture et un autre responsable", a déclaré à l'AFP une source de sécurité. Une attaque similaire avait coûté la vie à l'ancien gouverneur d'Aden Jaafar Saad en 2015.
Avec une population d'environ 990 000 habitants, Aden est la deuxième plus grande ville du pays et la capitale temporaire du gouvernement yéménite, en guerre depuis 2014 avec les Houthis, les rebelles qui ont conquis une grande partie du nord du pays, dont la capitale Sanaa. Le gouverneur et le ministre de l'agriculture sont tous deux membres du Conseil de transition du Sud, qui participe au gouvernement d'union avec les partisans du président internationalement reconnu Abd Rabbo Mansour Hadi. Ce gouvernement est basé à Aden.
L'impuissance de la communauté internationale à résoudre le conflit
L'attentat de dimanche s'ajoute à la longue liste des attaques qui ont eu lieu dans la ville d'Aden. En décembre 2020, la ville a été endeuillée après une attaque contre l'aéroport de la ville, peu après l'atterrissage des membres du nouveau gouvernement d'unité, faisant au moins 26 morts et plus de 50 blessés. Un rapport de l'ONU a pointé du doigt les rebelles, affirmant que l'attaque contre l'aéroport d'Aden a été menée avec des missiles similaires à ceux des Houthis et a été tirée depuis des endroits sous leur contrôle.
Le Yémen est confronté à une violence et une instabilité accrues depuis 2014. Les rebelles houthis contrôlent la majeure partie du pays ainsi que la capitale Sanaa.
La communauté internationale tente en vain de parvenir à une résolution pacifique du conflit, qui a provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU. Près de 80 % de la population yéménite dépend de l'aide humanitaire pour survivre. Le conflit au Yémen a provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde, avec 233 000 personnes tuées, et plus de 13 millions de personnes menacées de famine, selon l'ONU.
La guerre au Yémen oppose deux antagonistes : d'une part le pouvoir soutenu militairement par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite, pays voisin du Yémen, d'autre part les Houthis qui ont le soutien politique de l'Iran, rival régional du royaume saoudien.
L'attaque d'Aden intervient sur fond d'une nouvelle tentative de l'envoyé américain pour le Yémen, Tim Lenderking, de mettre fin à la guerre dans ce pays.
Jean Baptiste Bodo