Abdelaziz Bouteflika, qui est resté vingt ans à la tête de l'Algérie, est mort à l'âge de 84 ans. Épilogue d'une vie et d'une carrière entière passées dans les arcanes du pouvoir, il avait pris fin il y a deux ans après avoir été pourchassé par l'armée et la rue, pour avoir voulu un cinquième mandat. Ce grand homme d'Etat qui a marqué la vie politique algérienne pendant plus de 50 ans a été un personnage majeur dans le processus de démocratisation et de libération de ce pays dans un contexte marqué par les différentes guerres et luttes inter-tribales.
Né le 2 mars 1937 à Oudaya au Maroc, Bouteflika est un homme d'État algérien, président de la République algérienne démocratique et populaire du 27 avril 1999 à 2019. Engagé dans l'Armée de libération nationale ALN pendant la guerre d'Algérie, membre du Clan d'Oujda, il est lié à Houari Boumediere sous l'égide duquel il progresse rapidement dans l'appareil administratif de l'armée des frontières.
Élu député de Tlemcen en 1962, ministre des Sports et de la Jeunesse et du Tourisme dans le premier gouvernement d'Ahmed Ben Bella, de 1962 à 1963. Il a ensuite occupé les fonctions de ministre des Affaires étrangères de 1963 à 1979, il a contribué à la chute des différents coups d'état dans ce pays durant cette période. Il est contraint à l'exil de 1981 à 1987. Pendant la guerre civile des années 1990, il s'est montré plus conciliant que le président Liamine Zeroual.
En tant que candidat indépendant aux élections présidentielles de 1999, Abdelaziz Bouteflika a remporté le premier tour avec un pourcentage élevé. Il a été réélu au premier tour des élections présidentielles de 2004, 2009 et 2014. Il est ainsi le chef d'État algérien qui reste le plus longtemps au pouvoir. Victime d'un grave accident vasculaire cérébral, son état de santé s'est détérioré au fil des ans, ce qui le condamne à se déplacer en fauteuil roulant. A l'approche de l'élection présidentielle de 2019, le régime, qui a du mal à trouver un successeur, envisage de reporter l'élection et de maintenir Bouteflika au pouvoir en attendant. Ces différents facteurs favorisent les manifestations qui conduiront le chef de l'État à renoncer à briguer un cinquième mandat, et à se maintenir au pouvoir si nécessaire, puis sur la pression de l'armée, à quitter la tête du pays, vingt ans après avoir succédé à la présidence.
Se tenant en retrait de la vie publique, il meurt deux ans après son départ du pouvoir. Il est mort à l'âge de 84 ans en gardant une mauvaise image de lui car il a été chassé du pouvoir par ceux qui l'avaient soutenu pendant de nombreuses années.
Gabriel ONANA