Ses reportages publiés dans les réseaux sociaux, fruit d’un travail acharné parsemés d’embuches, sont considérés comme « principales sources d’informations indépendantes sur la situation sanitaire à Wuhan au début de la pandémie à Coronavirus, selon l’Organisation de Défense de la liberté de la presse.
Elle est douée en investigations. Dans sa nomination pour le prix 2021 de la liberté de la presse, l’ONG félicite le courage de la journaliste citoyenne qui a résisté « aux menaces constantes des autorités » afin de dévoiler au travers de ses reportages dans les rues et les hôpitaux de Wuhan, le harcèlement auquel était soumise une partie des familles de patients atteints de Covid-19. Cette classification n’a malheureusement pas favorisé sa sortie de prison. A ce jour, elle reste coincée derrière les barreaux.
En rappel, Zhang Zhan est la toute première journaliste citoyenne à avoir été jugée pour sa couverture de l’épidémie à Hubei. Avocate à la base, elle a été condamnée le 28 décembre 2020 à 4 ans de prison par le tribunal de Shanghai, à l’issue d’un procès d’à peine trois heure de temps. Elle serait incriminée d’avoir « diffusé de fausses informations à travers des articles et des vidéos diffusés sur les messageries WeChat, Twitter et YouTube et provoqué des troubles » lorsqu’elle couvrait en direct la pandémie de Covid-19, en février dernier à Wuhan.
Elle aurait également accepté des interviews de médias étrangers comme Radio Free Asie et Epoch Times, en spéculant malicieusement sur le coronavirus. Pendant le confinement, Zhang Zhan réussissait à parcourir les artères de la capitale pour prendre des images d’une ville déserte où les hôpitaux débordaient. C’est officiellement le 16 novembre qu’elle va être saisie et détenue à Shanghai après sa disparition le 14 mai. Dès les premiers jours de son incarcération, elle va engager une grève de la faim. Enchainée et nourrie de forces selon son avocat, la journaliste souffre d’une insuffisance pondérale sévère avec 40kg pour 1m77.
Indignation du RSF
L’Association des Reporters Sans Frontières (RSF) à laquelle appartient la journaliste de 38 ans s’était indignée face son arrestation. Unanimement, ils ont lancé le 03 novembre 2020, un appel au régime de Pékin à libérer leur consœur, « En couvrant la pandémie à coronavirus, Zhang Zhan n’a fait que servir l’intérêt général et n’aurait donc jamais dû être condamnée à 4 ans de prison », offusque Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF.
Il interpelle par ailleurs la communauté internationale « à intensifier les pressions sur le régime de Pékin pour obtenir la libération immédiate de la journaliste et tous les 10 autres détenus avant qu’il ne soit trop tard, car leur état de santé se détériore davantage. »
D’après RSF, la Chine est la plus grande prison au monde pour les journalistes. Il est 177e sur 180 pays suivant le classement mondial de la liberté de la presse.
Monique SOL