La presqu’île de Pango-Songo a la réputation d’être le sanctuaire des chimpanzés au Cameroun. Une trentaine d’individus, souvent orphelins et sauvés des griffes des braconniers y vivent en semi-liberté. Mais depuis le début de la pandémie à coronavirus, la presqu’île a perdu l’essentiel de ses recettes liées au tourisme et les finances se font rares.
Ce sont 95 % des entreprises touristiques camerounaises qui sont fortement touchées par les effets de la crise sanitaire. Cet état des choses entraine un régime rigoureux d’accès à la presqu’île. Pour les bénévoles français et camerounais de l’association papaye soutenue par la fondation Brigitte Bardot, il faut à tout prix protéger les chimpanzés de tout contact humain et leur éviter toute contamination. Le chimpanzé est classé sur la liste des espèces « en danger » de l’UICN. Alors que ses effectifs s’élevaient à près de 2 millions au début du 20ème siècle, aujourd’hui, ils ne dépassent pas les 500 000 individus.
Le confinement au sanctuaire des chimpanzés
C’est un havre de paix pour une trentaine de chimpanzés en semi-liberté. La presqu’île de Pongo-Songo se dévoile au bout de deux heures d’une piste poussiéreuse et d’une trentaine de minutes à bord d’une pirogue à moteur. Depuis, les premiers cas de Covid 19 en mars 2020, Il faut montrer patte blanche pour avoir accès au sanctuaire. « Il faut présenter des vaccinations contre la fièvre jaune, la typhoïde, la polio, les hépatites A, B, les Tests négatifs à l'hépatite C et HIV, et à Tuberculose et un vaccin contre la rougeole, oreillons et rubéoles. Un test PCR négatif de moins de 48 heures est aussi obligatoire », exige Marylin Pons Riffet. Cette française est la responsable du site créé il y a 20 ans par l’association « Papaye ». Marylin et sa dizaine de volontaires sont sur le pied de guerre pour éviter la covid 19 à leurs protégés. Des chimpanzés souvent sauvés in extremis des griffes des braconniers qui les tuent pour leur viande. « les chimpanzés sont répartis en trois îlots selon leur âge. Les tout-petits vivent près du campement, les plus âgés souvent violents vivent dans deux autres îlots », explique Marylin Pons.
Baisse de l’activité touristique et de financements
Ibrahim est propriétaire d’une mototaxi, le principal moyen de locomotion pour atteindre le sanctuaire. Avec le ralentissement des activités du sanctuaire à gorilles, il a de la peine à joindre les deux bouts. « Avant la pandémie je me faisais 10 000 FCFA par jour (15 euros) aujourd’hui, je gagne à peine 2000 FCFA (3 euros). A peine de quoi nourrir ma famille. Nous espérons que le gouvernement apportera un appui financier au sanctuaire pour que l’activité touristique reprennes » confie-t-il. Quelques mètres plus loin, Gilbert est un propriétaire de gîtes aux abois. « Les réservations ont chuté de 80%. J’ai dû licencier une partie de mon personnel pour tenir. C’est vraiment très dur. Nous espérons qu’avec l’arrivée des vaccins, les choses changeront », explique-t-il. Avec plus de 104 348 cas de contamination et plus de 1731 décès, le Cameroun figure parmi les pays africains les plus touchés par la pandémie.
Daniele Stéphanie Mengue