Société

Chômage et l’entrepreneuriat, un mariage de la carpe et du lapin chez la jeunesse burundaise

Chômage et l’entrepreneuriat, un mariage de la carpe et du lapin chez la jeunesse burundaise

Le taux de chômage au sein de la jeunesse Burundaise ne cesse d'augmenter. Les raisons incluent le manque d'expérience entrepreneuriale pour les jeunes diplômés, le contenu des programmes universitaires qui ne correspond pas à la réalité du moment et les fausses hypothèses sur les résultats des examens, un défis hantant plus d’un. Cependant, il faut déployer des efforts considérables pour en sortir.


Faisant le tour du quartier dans la soirée, nous sommes récemment tombé sur un groupe d'élèves qui rentraient chez eux. Par curiosité, nous avons voulu en savoir plus de ce qu'ils pensent de l'école aujourd'hui. Leurs avis convergent vers une réponse : trouver un emploi au Burundi est très difficile.
Eustache Muhango, l'un des élèves du Lycée communal Buhindo, en province Cibitoke raconte une histoire de son cousin. « Quand mon cousin a obtenu son diplôme en 2017, la famille s'est réuni et nous avons fait une grande fête à la maison. Ses parents ont apparemment investi beaucoup d'argent dans la cérémonie. Ils croyaient qu'il allait décrocher un emploi bien rémunéré. Mais, leurs attentes se sont estompées avec le temps. À ce jour, il fait encore de petits boulots ici et là >>.

Avec cette expérience, quels types d'emploi méritent la jeunesse ?

Aujourd'hui, les élèves qui terminent leurs études secondaires finissent soit par devenir femmes de chambre ou barmen dans les villes. Leurs rêves se transforment en cauchemar dès qu'ils mettent un pied hors de l'école. La plupart des filles se marient trop jeunes pour subvenir aux besoins de leurs familles. Elles ratent ainsi l'opportunité de poursuivre des études supérieures. Même son de cloche pour certains étudiants des universités. Au lieu de croiser les bras, ils deviennent agents de sécurité ou vendent de l'argent électronique dans les rues après l'école pour survivre en ville.

Le rapport d'enquête modulaire sur les conditions de vie des ménages 2013-2014 au Burundi, fait par l'Institut burundais de la statistique et des études économiques (ISTEEBU) et la Banque africaine de développement (BAD), indique un taux de chômage de 1,6% au sens strict et 2,4% au sens large.
Il mentionne également un taux de chômage plus élevé en milieu urbain qu'en milieu rural, avec un taux de 14,7% au sens large, qui touche les personnes les plus éduquées. 6,9% sont de niveau secondaire et 17,9% de niveau supérieur. Selon le même rapport, le chômage est plus élevé chez les hommes que chez les femmes, bien que les différences ne soient pas significatives. En ce qui concerne l'âge, le phénomène du chômage touche particulièrement les jeunes âgés entre 15 et 35 ans avec un taux estimé à 3,7%, alors qu'il n'est que de 1% en moyenne dans la tranche d'âge 36-64 ans et seulement 0,1% pour les individus âgés de 65 ans et plus.

Fausse croyance?

Durant plusieurs années, l'école a été considérée comme la clé d'un bon travail et d'une vie heureuse. À ce jour, l'école est encore considérée par certains comme une formation à l'emploi public. Cela a induit en erreur de nombreux jeunes.
"Au lieu d'explorer leurs talents ou d'appliquer ce qu'ils apprennent à l'école dans leur vie de tous les jours, de nombreux jeunes passent des années à la maison à attendre que le gouvernement les embauche", regrette Damien, diplômé universitaire, qui s'est confié à nous.

Certains parents croient encore qu'une personne importante est un médecin, un pasteur, un administrateur ou un enseignant.
Des cursus académique qui ne correspondent pas à l'actualité. C'est au sortir de l'école que les lauréats découvrent qu'ils ne sont pas les bienvenus sur le marché du travail.
Le hic, de nombreux jeunes Burundais ont du mal à choisir une carrière qu'ils peuvent poursuivre. La majorité des cours enseignés ne sont plus à la page. Certains indiquent que les cours ne sont pas suffisamment mis à jour pour les préparer à l'entrepreneuriat. Ils étaient plutôt formés pour être des employés quelconques. Une fois diplômés, certains ne peuvent pas se permettre de commencer le travail.
« Depuis toute petite, j'étudie. Toute ma vie a été consacrée à l'école. Maintenant, après l'obtention de mon diplôme, je suis perdu. Je n'ai pas encore trouvé d'emploi en fonction de ce pour quoi j'ai été formé », se désole Martine Kagisha, diplômée de l'Université du Burundi, promotion 2017.

Obstacles aux efforts d'entrepreneuriat des jeunes

Alors que le Gouvernement encourage les jeunes Burundais à voler de leurs propres ailes, ces derniers affirment n'avoir aucun moyen financier pour le faire.
De nombreux jeunes souffrent du manque de moyens financiers pour gérer leurs entreprises après l'école, malgré leur dynamisme et leur volonté de se développer. Pire, ni les banques ni le micro- finances ne peuvent leur accorder de prêts car, ils n'ont pas d'hypothèque.
En réponse aux revendications des jeunes, le gouvernement a récemment initié de nombreux projets pour soutenir les initiatives des jeunes tels que la banque d'investissement des jeunes (BIJE), le Programme d'autonomisation économique et d'emploi des jeunes (PAEEJ), le Fonds d'impulsion, de garantie et d'accompagnement (FIGA) , etc.
Malgré tous les efforts des deux côtés, les problèmes sont toujours remarquables sur le terrain. L'efficacité de ces projets est remise en question par plusieurs jeunes. Ils affirment que tous ces projets ne sont que des théories car ils en ont moins bénéficié jusqu'à présent. Ils semblent être pessimistes. Plus d'efforts devraient être fait pour lutter sérieusement contre le chômage.

Par Christophe Niyongabo