Nonobstant l'état d'urgence décrété par le président de l'Équateur, dans trois régions après des heurts violents, la communauté indigène a promis samedi, de poursuivre le mouvement de protestation contre la hausse des prix du carburant.
Quarante-trois personnes au moins ont été blessées dans les affrontements avec les forces de sécurité de l'Équateur et 37 autres personnes ont été arrêtées depuis lundi, le début de la manifestation a entraîné le barrage des routes dans, plus de la moitié du pays. "Je m'engage à défendre le pays. Cela m'oblige à décaler l'état d'urgence à Pichincha (où se trouve la capitale Quito, Ndlr), Imbabura et Cotopaxi à partir de minuit ce soir" (5h00 GMT samedi), a affirmé le président conservateur, Guillermo Lasso, dans une allocution télévisée vendredi soir. "J'ai appelé au dialogue et la réponse a été plus de violence. Il n'y a aucune intention de chercher des solutions", a-t-il regretté.
L'état d'urgence permet de mobilier les forces armées pour maintenir l'ordre, suspendre les droits des citoyens et instaurer des couvre-feu. En réaction, la forte confédération des nationalités indigènes de l'Équateur (Conaie), la plus grande organisation des peuples indigènes du pays, a déclaré que le mouvement se poursuivrait, tant que ses revendications n'auront pas été entendues. "Nous ratifions la lutte au niveau national, indéfiniment", a avancé Leonidas Iza, la patronne de cette organisation qui a contribué au renversement de trois présidents équatoriens, entre 1997 et 2005. Elle avait déjà mené de violentes manifestations en 2019, ayant causées onze morts.
Toutefois, il faut rappeler que la communauté indigène du pays représente, plus d'un million des 17,7 millions d'habitants de l'Équateur. Le pays producteur de pétrole est frappé par l'inflation, le chômage et la pauvreté, des éléments accentués par la pandémie à Corona virus.
Ainsi, les prix du carburant y ont fortement augmenté depuis 2020, passant de 1,90 dollars par gallon (3,7 litres) pour le diesel, et de 1,75 à 2,55 dollars pour l'essence. La " Conaie " exige que l'État réponde à une liste de dix demandes.
Elle réclame que les prix soient ramenés à 1,50 dollars pour le diesel et à 2,10 dollars pour l'essence.
Une demande rejetée par Quito.
Parmi d'autres revendications, figurent le contrôle des prix des denrées alimentaires et de la négociation des prêts bancaires personnels de, quelque quatre millions de familles.
Débuté lundi, le mouvement de protestation auquel s'est associé depuis des étudiants et des travailleurs, a entraîné le barrage de l'accès à deux routes principaux marchés d'approvisionnement de Quito et celui de plusieurs routes dans les quinze des 25 provinces de l'Équateur. Armés de lances, les indigènes Amazoniens ont également occupé provisoirement les sièges des autorités locales, dans la province de Pastaza et Morona Santiago (Sud-ouest), proches de Pérou.
À Quito, environ un millier de manifestants ont essayé d'arracher les clôtures métalliques, entourant le siège présidentiel. Pour essayer de trouver une solution à la crise, Guillermo Lasso, au pouvoir depuis un an, a reçu Vendredi une petite délégation de représentants indigènes. Cependant les débats ont abouti à peu de résultats.
Outre l'état d'urgence, il a indiqué l'augmentation d'un appui mensuel de 50 à 55 dollars pour "améliorer la situation difficile" des familles les plus pauvres, ainsi que les aides en faveur des agriculteurs. Les protestations ont jusqu'ici causé quelques 50 millions de dollars de dommages à l'économie, d'après le ministre de la production.
Rosine MANGA