Société

États-Unis : des bénévoles défendent des cliniques où l'avortement est pratiqué

États-Unis : des bénévoles défendent des cliniques où l'avortement est pratiqué

Les regards des américains sont tournés vers la Cour suprême et pour cause, le verdict sur le droit à l'avortement est attendu par la population. Si la décision est validée vingt-six États devraient interdire ou restreindre la possibilité d'avoir recours à une IVG ( Interruption Volontaire de Grossesse ).


Chaque jours depuis neuf ans, une quinzaine de bénévoles se relaient devant une clinique dans la région du Mississippi. Cet établissement hospitalière accueille des femmes qui veulent se faire avorter. C'est la raison pour laquelle des manifestations pacifiques se font devant l'hôpital. « Beaucoup de ceux qui nous soutiennent le font discrètement. S’ils affichaient ce soutien, ils pourraient perdre leur travail, perdre leur famille, leurs amis », assure Derenda Hancock une militante pro-avortement. Au Mississippi, l'avortement est tabou et défendre ce droit l’est encore plus. Le mois dernier, la coordinatrice dit avoir reçu dix propositions d’aide par e-mail. Mais finalement, personne n’a donné suite.

Depuis l'annonce d'une décision imminente de la #Cour suprême sur le droit à l'avortement, les militants anti-avortement sont devenus agressifs à l'encontre du personnel de la clinique.

Une formation est organisée au sein du centre que dirige Derenda avant une descente sur le terrain. Chaque nouvelle recrue doit obligatoirement passer par une longue période d'apprentissage pour avoir certaines bases. Pendant plusieurs semaines, interdiction d’interagir avec les manifestants. « Au début, l’équipe de défense de la clinique ne sait pas comment les nouveaux vont réagir en se faisant crier ou cracher dessus », explique la jeune femme. « Et honnêtement, vous ne savez pas vous-mêmes ce dont vous êtes capables quand une personne vous lance que vous méritez de mourir ou de vous faire violer » avoue Ren une jeune femme de 24 ans qui travaille à #Pink House defenders le centre de formation de Derenda Hancock.

Les consignes sur le terrain sont claires : éviter tout contact physique, même si l'un des manifestants franchit les limites de la propriété. Les défenseurs de la clinique sont invités à filmer la scène et à envoyer la vidéo aux forces de l'ordre. Pourtant, la police de Jackson rechigne toujours à intervenir. « Les flics ne font rien », regrette Derenda Hancock, « C’est même rare qu’une voiture de police se déplace ici. Il n’y a aucune application de la loi ».

Cette clinique n'est pas un cas isolé. D'autres connaissent la même situation. Si la Maison rose de Jackson fermait ses portes, Derenda aimerait continuer à protéger ces autres établissements. Elle assure que les manifestants actuellement présents devant la clinique ne s’arrêteront pas au Mississippi. Ils iront ailleurs, jusqu’à abolir l’avortement dans le reste des États-Unis.

Suzanne EFFA