Société

Jordanie : Mouvement de protestation sur les réseaux sociaux suite au meurtre d’une étudiante

Jordanie : Mouvement de protestation sur les réseaux sociaux suite au meurtre d’une étudiante

Suite au meurtre d’une étudiante la semaine dernière dans l’une des universités de la capitale Jordanienne, un mouvement de protestation agite les réseaux sociaux. Depuis sa mort, des milliers d’internautes manifestent leur soutien et ouvrent le débat. Ils dénoncent en particulier les violences sexuelles et sexistes qui persistent en Jordanie et au Moyen-Orient.


Les " hashtags " et les " slogans " créés en l’honneur de la victime, Iman Rashid, ont été repris des dizaines de milliers de fois depuis la semaine dernière. Ce n’est pas la première fois qu’il y a une mobilisation contre des féminicides en Jordanie. Or ce qui est inédit ici, c’est que cette manifestation est née sur les réseaux sociaux et s’inscrit dans plusieurs semaines de dénonciation des violences sexuelles et sexistes dans le royaume hachémite, en particulier dans le milieu estudiantin.

Ainsi, depuis début juin déjà, des étudiantes d’une des plus populaires universités du pays ont dénoncé sur les réseaux sociaux le harcèlement sexuel d'un de leurs professeurs. Le " hashtag " créé à cette occasion a été massivement utilisé par des femmes pour raconter leur expérience. Pour l’une des premières fois en Jordanie, le professeur accusé a été suspendu.

Depuis, la mobilisation était plus faible, mais la mort d’Iman Rashid a changé la donne. L'affaire vibre au-delà de la Jordanie et elle résonne désormais au-delà des frontières jordaniennes.

La photo de la jeune femme est partagée par des internautes de toute la région.
Plusieurs rapprochent ce crime de celui de Nayera Ashraf, cette autre étudiante poignardée à mort la semaine dernière devant son université en Égypte. Le meurtrier a justifié son acte par le refus de la victime de sa demande en mariage. Dimanche, c’est une autre Jordanienne qui a été poignardée par son mari, cette fois-ci aux Émirats arabes unis.

Ces meurtres opérés dans des pays différents, mais aux caractéristiques et à la même période, sont donc devenus des symboles.
Ils sont utilisés pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes dans toute la région et non seulement en Jordanie.

<< Nouvelles règles concernant les violences sexuelles. >>

Les premières demandes des internautes concernaient l’arrestation du meurtrier d’Iman Rashid. Le père de la victime avait même demandé publiquement le rétablissement de la peine de mort. Depuis le drame, le tireur s’est toutefois suicidé après avoir été retrouvé par les forces de l’ordre jordaniennes.

Le message de fond, c’est la demande de nouvelles régulations en matière de violences sexuelles et sexistes à Minima dans le royaume hachémite.

Actuellement, les autorités restent muettes sur la question. Elles ont censuré l’affaire dès le jeudi soir. Les médias locaux n’avaient plus l’autorisation de publier sur le sujet, sauf communication officielle. C’est une manière de cantonner ce crime à un fait divers et d’éviter qu’il ne devienne un outil de revendication féministe.

Malgré tout, la mobilisation devrait durer. Sur les réseaux sociaux. Plusieurs collectifs féministes appellent à une grève transnationale des femmes au Moyen-Orient. La date est fixée au 7 juillet prochain.

Rosine MANGA