Société

Un chercheur d’or a sorti un trésor paléontologique du permafrost canadien

Un chercheur d’or a sorti un trésor paléontologique du permafrost canadien

Au Canada, un chercheur d’or a récemment fait une découverte inattendue, mais absolument exceptionnelle. Et même si elle ne comporte pas un gramme de métal précieux, sa valeur est tout de même inestimable. En minant à travers le permafrost du Yukon, il a dégagé la dépouille momifiée d’un bébé mammouth, parfaitement préservée des assauts du temps pendant 30 000 ans.

 

Le Yukon fait partie des zones les plus prisées des paléontologues, et pour cause : le pergélisol (ou permafrost), cet amoncellement de glaces éternelles qui ne fondent jamais entièrement à l’échelle d’une vie humaine (du moins, sans réchauffement climatique) y joue le rôle d’immense congélateur.

On y retrouve de nombreux animaux datant de l’âge glaciaire, et souvent dans un excellent état de conservation. Mais une fois arrivés sur place, les chercheurs ont constaté que cette petite femelle juvénile était un spécimen exceptionnel, même dans le contexte de ce coffre aux trésors scientifique.

Un fantastique spécimen de mammouth laineux

Les spécialistes sont unanimes : Nun cho ga — c’est son nom — est tout simplement la bête la mieux préservée jamais découverte en Amérique du Nord. Grant Zazula, paléontologue fédéral de la province du Yukon, l’a même qualifiée de « découverte paléontologique la plus importante en Amérique du Nord » ; une réflexion qui pèse lourd de la part de ce spécialiste pourtant habitué aux beaux spécimens.

C’est bien simple : les échantillons de cette qualité se comptent sur les doigts d’une main. Nun cho ga semble à peu près aussi bien préservée que Lyuba, un autre bébé mammouth exhumé en Russie qui faisait office de référence absolue jusque là.

Et il est difficile de les contredire lorsque l’on pose les yeux sur les images. Sur la première photo, prise directement sur le site de la trouvaille, Nun cho ga semblerait presque endormie. L’impression s’estompe dès qu’on l’observe dans son intégralité, mais son état de conservation n’en reste pas moins spectaculaire.

Elle dispose encore d’ongles, de poils, et de sa trompe. Même son système digestif est encore quasiment intact ; les chercheurs ont retrouvé sa dernière plâtrée d’herbe à moitié digérée dans ses intestins !

Sur les traces des derniers mammouths

Ils ont aussi formulé quelques hypothèses sur son cadre de vie et ses ultimes instants sur la chaîne anglaise The Weather Chanel. D’après eux, la pauvre Nun cho ga se serait aventurée un peu trop loin de sa mère. Elle se serait alors embourbée dans une mare de boue dont elle n’aurait jamais réussi à s’extraire.

L’état de sa dépouille suggère qu’elle n’aurait pas été achevée par un prédateur. Selon toute vraisemblance, elle a donc fini par se noyer ou par mourir d’épuisement en tendant d’échapper à ce traquenard. Sa dépouille aurait ensuite été rapidement recouverte par la glace lors d’un épisode de refroidissement rapide, ce qui expliquerait son état de conservation impressionnant.

Elle sera désormais étudiée sous toutes les coutures. L’objectif sera d’en apprendre davantage sur les mammouths laineux. Ces gigantesques pachydermes étaient chassés par nos ancêtres pour leur viande, leur peau et leurs défenses. Avec un peu de chance, l’étude de Nun cho ga permettra enfin de déterminer si c’est cette exploitation qui a provoqué leur extinction, ou s’ils se sont éteints sous l’effet d’un brusque changement climatique.

 

Denise KAVIRA KYALWAHI