Société

Violences du 20-Octobre au Tchad: Human Rights Watch dévoile son rapport sur le «jeudi noir»

Violences du 20-Octobre au Tchad: Human Rights Watch dévoile son rapport sur le «jeudi noir»

Le gouvernement de transition du Tchad doit mettre fin à sa répression à l’encontre d'opposants et accorder une réparation pour les graves violations des droits humains commises en réponse aux manifestations du 20 octobre 2022, a dit Human Rights Watch ce lundi 23 janvier.

Les autorités ont l’obligation de mener des enquêtes pénales rapides, indépendantes, approfondies et transparentes sur les graves atteintes aux droits humains liées à la répression, particulièrement les meurtres, les décès en détention et les actes de torture et traduire les responsables en justice.

Elles devraient libérer les protestataires qui ont été emprisonnés au terme de procès sommaires inéquitables en décembre dernier et ceux qui sont toujours maintenus en détention préventive. « La violence à l’encontre des manifestants a été extrême et disproportionnée, faisant des dizaines de morts et de blessés, et des centaines de détenus n’ont pas pu recevoir la visite d’un avocat ou de leur famille », a indiqué Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Les autorités devraient interdire immédiatement le recours aux balles réelles contre les manifestants et inviter les experts des Nations Unies à mener des enquêtes indépendantes. ».

Pour rappel, depuis le décès de l’ex-président Idriss Deby en avril 2021, le gouvernement de transition dirigé par son fils, le général Mahamat Deby, a à plusieurs reprises réprimé dans la violence des manifestations appelant à un régime démocratique civil. Le gouvernement a ciblé en particulier les partis de l’opposition. Le 20 octobre 2022, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de N’Djamena, la capitale, et de plusieurs autres villes du sud du Tchad, dont Moundou, Doba et Sarh, pour protester contre la décision de l’actuel gouvernement de transition de prolonger la période de transition de deux ans.

Les chercheurs de Human Rights Watch se sont rendus à N’Djamena du 13 au 21 novembre et ont interrogé 68 victimes, membres de familles des victimes, témoins, membres d’organisations de la société civile, avocats et représentants du gouvernement. Human Rights Watch a également rencontré le procureur adjoint du pays, le conseiller du président en charge des questions de droits humains et des membres de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) pour leur faire part des conclusions des recherches préliminaires et demander des informations supplémentaires. Human Rights Watch a par ailleurs sollicité des entretiens avec les ministres de la Justice et de la Sécurité publique, le Premier ministre et le président, mais cela a été refusé.