Dimanche 20 mars, la plupart des partis de l’opposition ont annoncé qu’ils ne prendront pas part au dialogue national de réconciliation qui doit débuter lundi en Centrafrique. La raison évoquée, est la non admission des groupes armés rebelles dans les échanges.
La pomme de discorde entre l’opposition et les initiateurs de ce dialogue est l’exclusion des groupes armés rebelles. En effet, le président Faustin Archange Touadéra, a pris tout le monde de cours mardi en annonçant pour lundi 21 mars 2022, la tenue du "Dialogue républicain" uniquement avec l'opposition non armée et la société civile, dialogue qu’il avait annoncé il y a un an trois mois. Les échanges annoncés il y a six jours devait durée une semaine.
Au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue à Bangui, le porte-parole de la Coalition de l'opposition-2020 (COD-2020), une plate-forme qui regroupe la quasi-totalité des partis de l'opposition non armée a fait cette déclaration : « L’ensemble des forces de l’opposition ne participera pas aux travaux du dialogue qui commencent demain ».
Avant d’ajouter « L’inclusivité implique la participation de toutes les forces politiques du pays --les partis politiques, la société civile (...) et les groupes armés parce qu’ils sont des protagonistes de la crise donc on ne peut pas régler la crise en les excluant »
Pourtant, la COD-2020 avait révélé il y a quelques mois qu'elle était prête à prendre part au Dialogue républicain, dont elle savait d'entrée de jeu que le pouvoir avait exclu les groupes armés.
Malgré l’annonce du retrait de la COD-2020, Albert Yaloke Mokpeme, porte-parole de la présidence de la république, a confirmé pour lundi l'ouverture du Dialogue républicain.
« La question de la crise post-électorale »
Au pouvoir depuis 2016, le président Touadéra avait été réélu avec 53,16% des voix mais avec une petite portion du corps électoral : selon l’AFP, moins d'un électeur sur trois avait eu la possibilité de voter à cause de l’insécurité causée par des groupes armés et l'offensive d'une coalition rebelle. La COD-2020 avait estimé que la réélection de Toudéra était illégitime. A cet effet, La COD-2020 reproche au gouvernement de ne pas avoir inclus, dans les thèmes prévus du Dialogue républicain, "la question de la crise post-électorale" chère à l’opposition.
Pour faire face à ce climat d’insécurité qui régnait dans le pays, M. Touadéra avait eu recours à des centaines de paramilitaires russes de la société privée Wagner, déjà présent depuis 2018 selon l'ONU.
Les forces loyalistes ont réussi rapidement à repousser les rebelles et les autres groupes armés de la majeure partie des territoires qu'ils occupaient grâce à cette aide russe.
Selon certains observateurs de la vie politique de la Centrafrique, en dehors des promesses d'inclure davantage l'opposition et la société civile dans la gestion du pays, Le pouvoir n'a jamais dit clairement quels étaient les buts de ce Dialogue républicain.
Jean Baptiste Bodo