Politique

Democratie et elections en Afrique : Afrique du Sud : L'ANC et l'opposition pourraient former un gouvernement d'union nationale

Democratie et elections en Afrique : Afrique du Sud : L'ANC et l'opposition pourraient former un gouvernement d'union nationale

Après des élections historiques et des scandales à répétition, un rapprochement inédit se dessine

Les élections générales de mai 2024 ont marqué un tournant décisif en Afrique du Sud. Pour la première fois depuis la fin de l'apartheid, le Congrès National Africain (ANC) a perdu sa majorité absolue à l'Assemblée nationale. Un revers cinglant pour le parti historique, miné par les affaires de corruption et les déceptions de l'électorat noir. Face à cette situation inédite, les regards se tournent désormais vers d'éventuelles alliances pour former un gouvernement stable. Et un scénario jusqu'ici impensable prend corps : un rapprochement entre l'ANC et son principal adversaire, l'Alliance Démocratique (DA).

Un ANC affaibli, une opposition renforcée

Avec seulement 40% des voix, l'ANC ne peut plus gouverner seul comme par le passé. Son échec à résorber les inégalités criantes héritées de l'apartheid a coûté cher auprès de l'électorat noir défavorisé. De son côté, bien qu'arrivée deuxième avec 22% des suffrages, l'Alliance Démocratique sort renforcée du scrutin. Longtemps perçue comme un parti de Blancs, elle a su cette fois convaincre une partie des électeurs noirs avec son discours anti-corruption et pro-réformes économiques.

L'hypothèse d'une coalition inédite

Dans ce contexte de fragmentation politique, l'idée d'un gouvernement d'union nationale fait son chemin. Une alliance entre l'ANC et la DA permettrait de disposer d'une majorité solide à l'Assemblée. Pour l'ANC, ce serait l'occasion de se réinventer après ses nombreux échecs, en s'ouvrant à un partenaire de gouvernance crédible. La DA y verrait elle un moyen d'appliquer enfin son programme, tout en adoucissant son image élitiste. Un pari certes risqué mais qui, selon certains analystes, pourrait redonner espoir à "la nation arc-en-ciel" en opérant un véritable aggiornamento démocratique.

Rester à l'écoute des promesses non tenues

Reste à savoir si une telle alliance contre-nature sera acceptable pour les bases militantes respectives, et surtout si elle sera en mesure de répondre aux immenses attentes des populations noires défavorisées. Après 30 ans de démocratie, beaucoup de Sud-Africains restent sur leur faim face aux promesses non tenues en matière de lutte contre les inégalités, le chômage de masse et la pauvreté endémique. Un gouvernement d'union devra impérativement se montrer à la hauteur de ces défis séculaires, sous peine de décevoir une nouvelle fois la majorité noire. Un test décisif pour l'avenir de "la nation arc-en-ciel".