À moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat craint que l’affaire Mckinsey n’écorne son image. En mi-mars, Un rapport sénatorial avait révélé la "dépendance" du gouvernement et des pouvoirs publics aux cabinets de conseil. Visiblement irrité par cette polémique, Emmanuel Macron a tenu à mettre les choses au clair.
Le risque de faire vaciller sa position de favori au premier tour de l’élection présidentielle est grand. L’affaire Mckinsey est préoccupante pour le candit Macron, à neuf jours du premier tour du scrutin. Ses détracteurs lui reprochent des contrats passés par l'État avec des cabinets, notamment l'américain McKinsey. Selon le rapport du sénat cette société n’aurait payé aucun impôt en France entre 2011 et 2020. Pour les opposants de Macron, c’est un scandale d’État.
Interrogé dimanche à l'émission "Dimanche en politique" sur France 3, Emmanuel Macron n’est pas allé du dos de la cuillère. Pour le candidat, « S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal », a-t-il répondu. Avant de poursuivre en ces termes : « On a l'impression qu'il y a des combines, c'est faux. Aucun contrat n'est passé dans la République sans qu'il respecte la règle des marchés publics. Que quiconque ait la preuve qu'il y a manipulation mette le contrat en cause au pénal » a martelé le chef de l'État.
<<L’affaire McKinsey en question>>
Le scandale a été mis en lumière par un rapport de la commission d’enquête du Sénat rendu public le 17 mars, à propos de l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, au sujet de l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques. En effet, McKinsey est un cabinet international de conseil qui emploie près de 30 000 personnes dans 65 pays.
Les écris des sénateurs confient que la structure a été sollicité par l’exécutif pour la réforme des APL mais surtout, lors de la crise sanitaire. Le gouvernement a dépensé plus de 12 millions d’euros pour bénéficier des conseils de McKinsey pendant cette période. C’est cette société qui a notamment été chargée de conseiller le gouvernement sur la campagne de vaccination.
Certes l’État a souvent fait recours à la société mais cette fois la note est plus salée que d’habitude, indique ce rapport. En 2021, ce sont plus d’un milliard d’euros qui ont été versés dont 893,9 millions par les ministères à plusieurs cabinets de conseil, pas seulement McKinsey. Ce chiffre a plus que doublé en quatre ans. En 2018, les dépenses des ministères pour des cabinets de conseil n’atteignaient « que » 379,1 millions d’euros.
<<Qu’est ce qui fait problème ?>>
Selon le Sénat, les filiales françaises de Mckinsey font de l’optimisation fiscale. Entre 2011 et 2020, ces filiales n’auraient versé aucun impôt sur les sociétés alors que leur « chiffre d’affaires sur le territoire national atteint 329 millions d’euros en 2020, dont environ 5 % dans le secteur public et qu’elles emploient environ 600 salariés » en France.
Réagissant dans un communiqué, le cabinet a souligné que « Toutes les entités de McKinsey en France sont assujetties à l’impôt sur les sociétés. Ainsi, sur la même période (2011-2020, N.D.L.R.), sa filiale de mise en œuvre a payé 6 ans l’impôt sur les sociétés ».
Le Sénat avait saisi la justice pour « suspicion de faux témoignage » alors que le responsable du pôle secteur public de McKinsey Karim Tadjeddine, avait déclaré devant la Commission d’enquête en janvier que son employeur s’acquittait bien de l’impôt sur les sociétés en France.
<<L’opposition accuse et le gouvernement récuse>>
L’occasion faisant le Larron, la plupart des opposant d’Emmanuel Macron profitent pour le clouer. La candidate LR Valérie Pécresse a déclaré « Comment pouvait-il ne pas le savoir ? Le Président sortant doit rendre des comptes ».
Chez les écologistes, Yannick Jadot « demande la transparence complète sur les contrats passés, la nature et la réalité des prestations fournies par McKinsey au gouvernement. »
« Pourquoi des consultants américains, qui font de l’optimisation fiscale, remplacent des hauts fonctionnaires qui font des années d’étude et qui sont encadrés », s’est interrogé Nicolas Dupont-Aignan sur France Inter.
Pour sa part, le gouvernement se défend. En février, Gabriel Attal s’est exprimé sur la question sur BFMTV en ces termes « Les cabinets de conseil doivent être sollicités dès lors que c’est pour des compétences qu’on ne trouve pas au sein de l’État »
Bien avant, Olivier Véran s’était défendu devant le Sénat : « À aucun moment, McKinsey ne m’a fait prendre une décision en lien avec la crise sanitaire ou la campagne vaccinale ».
Bruno Le Maire a aussi défendu un recours aux sociétés de conseil. Toutefois, le ministre de l’Économie estime que « s’il y a des dérives, qu’on estime que ces prestations vont trop loin, que le recours aux cabinets de conseil est excessif, nous recentrerons ces activités ».
Au vu de ces accusations, Il n’y a pas de doute que Le cocktail détonant McKinsey a assombri la dernière ligne droite de la campagne du candidat Emmanuel Macron.
Jean Batiste Bodo