Contrairement aux pratiques diplomatiques qui montrent que les relations entre le Cameroun et les USA sont actuellement à un bon niveau, elles souffrent néanmoins de quelques perturbations.
Depuis la signature de l'accord militaire à Moscou entre le ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense Joseph Beti Assomo et son homologue russe, le général Serguei Choigou, les actions et discours des Américains vis-à-vis des Camerounais, fidèles de les pré-carré français, se teintent d'un soupçon de contestation.
Les Américains réagissent le 15 avril 2022, trois jours après la signature de l'accord, le président américain Joe Biden, accorde discrètement à 40 000 demandeurs d'asile camerounais le statut de personne protégée aux Etats-Unis.
Ces personnes vivant dans la zone métropolitaine de Washington D.C. et en Californie, en ont fait la demande dans le sillage de la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Cet avantage réclamé par l'avocate haïtienne Guerline M. Jozef, fondatrice du Cameroonian Advocacy Network, a longtemps été refusée aux compatriotes de Paul Biya.
Dans le même ordre d'idées, l'ancien sous-secrétaire d'État aux Affaires africaines du président Donald Trump, ancien chef adjoint de la mission diplomatique américaine à Yaoundé, Tibor P. Nagy, a publié un tweet tumultueux le 20 avril 2022.
Le poste était en soutien aux représailles américaines contre le régime de Yaoundé. "Je n'arrive pas à croire que le gouvernement camerounais ait, au plus mauvais moment, signé un accord militaire avec la Russie - au plus fort de l'agression en Ukraine. C'est une piqûre aux yeux des États-Unis et de la France, deux pays dont le Cameroun pourrait avoir besoin à l'avenir. Mais tant mieux pour les Ambazoniens !''
On peut dire que la stratégie politique de Biya est celle du silence car, à la lecture des actions des États-Unis, le Cameroun n'aurait pas dû entrer dans un tel engagement avec un État placé sous embargo aérien par la communauté européenne.
Si dans sa publication Tibor Nagy s'appuie sur le timing, évoquant la crise ukrainienne pour condamner le geste, le gouvernement camerounais reste muet.
Certains Camerounais actifs sur les réseaux sociaux fustigent la réaction des Américains qui, selon eux, semblent vouloir imposer le choix des partenaires à un État souverain dans un monde libre et démocratique.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le Cameroun et la Russie signent un tel accord. Le 15 avril 2015, un premier accord a été signé entre les deux partenaires, et cet engagement n'a pas suscité autant de réactions qu'aujourd'hui. Le contenu du nouvel accord n'apporte cependant pas beaucoup de changements aux anciennes clauses.
Avec la signature de cet accord, le Cameroun maintient ses relations avec la Russie et celles avec les autres partenaires européens. Le pays de Paul Biya poursuit sa diversification de partenaires mondiaux pour son développement.
Bera Cruz