C’est un succès pour Viktor Orbán. Les chefs d’État et de Gouvernements de l’Union Européenne (UE) ont ontroyé au Premier ministre hongrois, l’accord pour interdire plus des deux tiers des importations de pétrole russe et y mettre un terme à 90 % d’ici la fin de l’année. Mais cela n’affectera que les importations par voie maritime. La Hongrie continuera donc à recevoir de l’or noir russe par pipeline.
Le Premier ministre hongrois a eu gain de cause. Les dirigeants des 27 États membres de l’Union Européenne se sont mis d’accord pour interdire plus des deux tiers des importations de pétrole russe et mettre fin à 90 % d’entre elles d’ici la fin de 2022.
La mesure vise à épuiser les ressources de la machine de guerre de Moscou.
Toutefois, cela n’affectera que les importations par voie maritime, et non par voie terrestre. La Hongrie pourra donc continuer à recevoir le pétrole qui arrive de la Russie par pipeline, ce que demandait Viktor Orbán, qui a menacé de ne pas voter les sanctions si ses demandes n’étaient pas satisfaite.
La Hongrie n’a pas accès à la mer, et 65% de son pétrole vient de la Russie, via l’oléoduc Druzhba. Orbán a aussi obtenu des garanties en cas de coupure du pipeline qui alimente son pays via l’Ukraine. Dans ce cas, Budapest pourrait importer des hydrocarbures russes par voie maritime.
Enfin, Viktor Orbán a demandé à l’Union Européenne de financer la transformation des raffineries hongroises, afin qu’elles puissent s’adapter à d’autres types de pétrole. Il a touché 800 millions d’euros.
La République tchèque et la Slovaquie, également dépendantes du pétrole russe, ont également obtenu des exemptions. Prague pourra ainsi continuer à revendre des produits pétroliers à la Russie pendant plusieurs mois.
En revanche, Viktor Orbán a été le seul parmi les chefs d’État et de gouvernement à menacer de ne pas voter pour l’accord. ” Il nous a pris en otage pendant un mois convoite un diplomate européen. Le dirigeant hongrois a finalement accepté de lever son veto, une fois ses demandes accordées.
Le plus long oléoduc du monde.
En russe, Druzhba signifie amitié. Cet oléoduc, le plus long du monde avec ses 4 000 kilomètres, assure environ un tiers des approvisionnements européens en pétrole, et jusqu’à 65 % de la consommation de la Hongrie, pays enclavé.
Il a été mis en service au début des années 1960 pour approvisionner en brut les pays d’Europe centrale, alors considérés comme frères par l’Union soviétique.
Environ un million de barils par jour y transitent, soit près d’un dixième de la production russe. Druzhba traverse d’abord la Biélorussie, où il se sépare ; la branche nord dessert l’Allemagne, l’Autriche et la Pologne, et la branche sud dessert la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie.
Même si elles n’y sont pas contraintes, Berlin et Varsovie se sont également engagées à stopper leurs importations via cet oléoduc. Par conséquent, 90 % des exportations de pétrole russe vers l’Union européenne seront donc stoppées d’ici la fin de l’année.
Pour rappel, des discussions auront alors lieu pour l’extension de l’embargo aux livraisons par Druzhba, qui est donc une voie importante pour le transport du pétrole vers les pays européens, éclairci Altin Lazajjournaliste au service économique de RFI.
Rosine MANGA