Sanctions contre la Russie : l’Europe et les États-Unis renforcent leur front commun sous la houlette de Macron
Depuis le début du conflit en Ukraine, la question des sanctions contre la Russie est devenue le cœur de la riposte occidentale. Après plus de deux ans de guerre, l’Union européenne et les États-Unis affichent un front commun, mais la dynamique s’est accélérée ces derniers jours sous l’impulsion du président français Emmanuel Macron. Analyse d’une stratégie de pression qui vise à contraindre Moscou, tout en testant la cohésion transatlantique.
L’Europe à la manœuvre, Macron en chef d’orchestre
Vendredi soir, Emmanuel Macron a réaffirmé la détermination de l’Europe à préparer de nouvelles sanctions contre la Russie, « en coordination » avec Washington. Cette déclaration intervient alors que les pourparlers de paix d’Istanbul ont échoué, la Russie ayant refusé un cessez-le-feu inconditionnel et posé des exigences jugées inacceptables par Kiev et ses alliés.
La France, aux côtés de l’Allemagne, de la Pologne et du Royaume-Uni, joue un rôle moteur dans la définition de la réponse occidentale. Les dirigeants européens, réunis à Kyiv le 10 mai, ont exigé un cessez-le-feu complet, avertissant que toute tentative de Moscou de conditionner la trêve serait perçue comme une manœuvre dilatoire4.
La mécanique des sanctions : un arsenal en évolution
Depuis février 2022, l’Union européenne a adopté 16 trains de sanctions contre la Russie, touchant la finance, l’énergie, l’exportation de technologies sensibles, les avoirs d’oligarques et le secteur du luxe. Mais face à l’enlisement du conflit, les Européens cherchent à aller plus loin. Les nouvelles mesures en préparation pourraient cibler les services financiers, les hydrocarbures et potentiellement les intérêts générés par les avoirs russes gelés7.
Macron a précisé que des discussions étaient en cours avec l’administration et le Sénat américain pour harmoniser les mesures et éviter les contournements. L’objectif : empêcher la Russie de financer la poursuite de la guerre, tout en maintenant la pression sur le régime de Vladimir Poutine.
La coordination transatlantique, clé de l’efficacité
La coordination avec les États-Unis est essentielle pour garantir l’efficacité des sanctions. Washington, déjà très engagé sur le plan militaire et économique, partage la volonté de Paris de durcir le ton si Moscou persiste à refuser la paix. Les deux blocs échangent en permanence sur les cibles à frapper, les modalités de contrôle et les moyens de limiter les effets collatéraux sur leurs propres économies.
Donald Trump, qui reste une figure influente du débat américain, a annoncé vouloir organiser des échanges avec la partie russe pour clarifier la situation et, le cas échéant, soutenir l’effort de pression.
Les limites et les défis des sanctions
Si les sanctions ont un impact certain sur l’économie russe, elles n’ont pas, à ce jour, permis de faire plier le Kremlin. Moscou a réorienté ses exportations vers l’Asie, développé des circuits alternatifs et misé sur la résilience de son économie. L’Europe doit donc sans cesse ajuster son arsenal, identifier les failles et renforcer la coopération avec les alliés asiatiques et africains pour éviter les contournements.
La question de l’utilisation des avoirs russes gelés pour financer l’aide à l’Ukraine reste en suspens, faute de cadre légal clair. Mais la pression politique monte, portée par Volodymyr Zelensky qui appelle à des sanctions « plus fortes » et à une mobilisation internationale sans précédent7.
Les risques : division et fatigue des alliés
L’unité occidentale, si souvent saluée, est aussi mise à l’épreuve par les conséquences économiques des sanctions : inflation, hausse des prix de l’énergie, pression sur les industries exportatrices. Certains pays européens, plus dépendants du gaz russe, plaident pour une approche graduée et négociée. Mais la France, soutenue par les pays baltes et la Pologne, pousse pour une ligne dure, estimant que seule la fermeté peut forcer Moscou à négocier.
Conclusion : une stratégie de la durée
La stratégie des sanctions, orchestrée par Emmanuel Macron et ses partenaires, s’inscrit dans la durée. Elle vise à user la capacité de la Russie à faire la guerre, à isoler le régime de Poutine et à soutenir l’Ukraine dans la défense de sa souveraineté. Mais elle suppose une cohésion sans faille des alliés, une adaptation constante et une capacité à gérer les conséquences économiques et sociales sur le continent.
L’Europe, sous la houlette de Macron, entend montrer qu’elle reste unie et déterminée face à la menace russe. Reste à savoir si cette pression sera suffisante pour ouvrir la voie à la paix.