Le 2 juin 2025, la Russie a annoncé avoir abattu 162 drones ukrainiens en une seule nuit, un record depuis le début du conflit. Cette déclaration, confirmée en partie par des sources indépendantes, témoigne de l’intensification de la guerre technologique entre Moscou et Kiev. Au-delà du chiffre, cet épisode interroge sur la stratégie des deux camps, la capacité de résistance ukrainienne et les risques d’une escalade incontrôlée. Analyse d’un tournant dans la guerre d’usure qui s’installe en Europe de l’Est.
Une attaque de drones sans précédent
Selon le ministère russe de la Défense, la nuit du 1er au 2 juin a été marquée par une vague inédite d’attaques de drones lancés depuis différentes régions d’Ukraine. Les cibles visées : des infrastructures militaires, des dépôts de carburant, mais aussi des installations industrielles en Crimée, dans la région de Belgorod et jusqu’aux abords de Moscou. Les autorités russes affirment avoir intercepté la quasi-totalité des engins grâce à leurs systèmes de défense anti-aérienne S-400 et Pantsir.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des explosions dans plusieurs villes russes, ainsi que des débris de drones tombés dans des zones résidentielles. Si le bilan humain reste limité, l’impact psychologique et symbolique est fort : jamais la Russie n’avait connu une telle intensité d’attaques sur son propre territoire.
L’Ukraine, pionnière de la guerre des drones
Depuis le début de l’invasion russe en 2022, l’Ukraine a fait de l’innovation technologique un atout majeur. Faute de supériorité aérienne conventionnelle, les forces ukrainiennes ont massivement investi dans la production et l’acquisition de drones, allant des appareils commerciaux modifiés aux drones kamikazes de fabrication locale ou turque (Bayraktar TB2). Cette stratégie vise à compenser l’infériorité numérique et à frapper en profondeur les lignes logistiques russes.
L’attaque du 2 juin marque une nouvelle étape : selon des experts militaires, l’Ukraine serait désormais capable de coordonner des essaims de drones sur plusieurs centaines de kilomètres, saturant les défenses russes et forçant Moscou à disperser ses ressources.

La riposte russe et la guerre d’usure
Face à cette menace, la Russie a renforcé sa défense anti-aérienne autour des grandes villes et des infrastructures stratégiques. Moscou affirme avoir développé de nouveaux systèmes de brouillage électronique et de détection avancée. Mais la multiplication des attaques de drones met à l’épreuve la résilience du système, obligeant les autorités à investir massivement dans la sécurité intérieure.
Cette guerre d’usure technologique a un coût élevé : chaque drone abattu représente une dépense pour la Russie, tandis que l’Ukraine mise sur la quantité et l’innovation pour épuiser l’adversaire. Les experts parlent d’une « course à l’attrition » où la capacité à produire et à renouveler les stocks devient aussi importante que la qualité des armes.
Impact sur les populations civiles et la guerre psychologique
Les attaques de drones, même lorsqu’elles visent des objectifs militaires, ont des conséquences sur les populations civiles. À Belgorod, Sébastopol ou Rostov, les habitants vivent dans la crainte des explosions nocturnes et des alertes aériennes. Les autorités russes tentent de rassurer, mais la multiplication des incidents fragilise le moral et l’image d’invulnérabilité du pouvoir.
Du côté ukrainien, ces opérations sont perçues comme une démonstration de force et un moyen de maintenir la pression sur l’ennemi. La guerre psychologique fait rage sur les réseaux sociaux, où chaque vidéo de drone abattu ou de cible touchée devient un outil de propagande.
Les risques d’escalade et les réactions internationales
L’intensification des attaques de drones soulève la question du risque d’escalade. Moscou accuse l’Occident, et en particulier les États-Unis et le Royaume-Uni, de fournir à l’Ukraine des technologies de pointe et des renseignements. Les chancelleries occidentales, tout en soutenant Kiev, appellent à la retenue pour éviter un élargissement du conflit.
L’ONU et l’OSCE expriment leur inquiétude face à la montée des tensions et aux risques pour la sécurité régionale. Les discussions sur un éventuel cessez-le-feu ou sur des mécanismes de contrôle des armements semblent pour l’instant au point mort.
Vers une nouvelle ère de la guerre en Europe ?
L’attaque du 2 juin 2025 marque peut-être le début d’une nouvelle phase du conflit russo-ukrainien, où la technologie prend le pas sur la masse et où la frontière entre front et arrière devient floue. Pour l’Ukraine, la guerre des drones est un pari sur la durée, visant à user l’ennemi et à forcer une négociation. Pour la Russie, il s’agit de préserver sa souveraineté et de montrer sa capacité à résister.
La guerre d’usure qui s’installe en Europe de l’Est pourrait durer encore longtemps, avec des conséquences imprévisibles pour la stabilité du continent.