Robert Badinter au Panthéon : Décryptage d’une hommage controversé et des critiques d’Éric Zemmour
Le jeudi 9 octobre 2025, la panthéonisation de Robert Badinter, ancien Garde des Sceaux et infatigable abolitionniste, s’est tenue dans un climat à la fois solennel et controversé, suscitant des tensions dans l'arène politique française. Si cette cérémonie célèbre son combat pour l’abolition de la peine de mort, certains comme Éric Zemmour ont exprimé de vifs désaccords publics, alimentant un débat passionné sur l’héritage politique et idéologique de cet ancien ministre socialiste.
Emmanuel Macron, président de la République, a rendu hommage à cette figure historique qu’il qualifie de « pilier des droits humains en France » et de « combattant pour la dignité humaine ». Lors de son discours, il a condamné fermement les actes de profanation de la tombe de Robert Badinter au cimetière de Bagneux, qui ont eu lieu quelques heures avant la cérémonie, qualifiant ces actes de « lâches et inacceptables ».
Toutefois, Éric Zemmour, leader du parti d’extrême droite Reconquête, n’a pas manqué de critiquer cette reconnaissance officielle. Dans un long message sur X, il affirme que « la patrie n’est pas reconnaissante » envers celui qui a aboli la peine de mort, accusant Robert Badinter d’avoir « vidé les prisons » et de « noyauté » le ministère de la Justice avec les militants du Syndicat de la magistrature, considéré politiquement à gauche. Zemmour voit en Badinter l’architecte d'un « humanisme abâtardi » et d’un universalisme qu’il associe à un « mondialisme » déconnecté des réalités nationales.
La député et sœur de Marion Maréchal, elle-même proche des idées d’extrême droite, a déploré l’acte de profanation mais a aussi critiqué l’utilisation politique de ce geste pour « empêcher la légitime critique » de l’action de Badinter. En parallèle, plusieurs responsables de droite comme Marine Le Pen et Laurent Wauquiez ont condamné avec fermeté la profanation, soulignant le respect dû aux morts comme un « marqueur de civilisation ».
Robert Badinter, connu pour son parcours marqué par la lutte contre la peine capitale, a profondément marqué la justice française et les droits civiques. Son entrée au Panthéon, aux côtés d’autres grandes figures françaises, symbolise l’hommage national à ses valeurs humanistes, mais sa figure reste clivante, représentant pour certains l’incarnation de la gauche progressiste.
L’opposition politique autour de cette cérémonie traduit le contexte politique français actuel, où les questions de mémoire et d’identité nationale sont au centre de nombreux débats. La réhabilitation des figures historiques est souvent instrumentalisée, reflétant les tensions entre différentes visions du pays, entre conservatisme et modernisme.
En conclusion, la panthéonisation de Robert Badinter cristallise les enjeux mémoriels et politiques qui traversent la France en 2025. Si elle célèbre une action humaniste majeure, elle continue à susciter des actes de défiance et une polémique qui témoigne de fractures profondes dans la société française.
