Transports : la transition écologique étrillée par l’Institut Montaigne, qui pointe un risque « gilets jaunes » pour les gouvernements
Dans un rapport publié le 9 octobre 2025, l’Institut Montaigne dresse un bilan sévère et accablant de la politique française en matière de transition écologique des mobilités, qualifiant celle-ci d’« impasse » tant au niveau des résultats que de l’acceptabilité sociale. Premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France avec 34% des émissions totales, le transport reste un vecteur clé des objectifs ambitieux de décarbonation, mais aussi le terrain sur lequel s’expriment les plus fortes résistances.
Le rapport d’aujourd’hui souligne quatre dimensions incompatibles qui empêchent une transition harmonieuse : « l’impact écologique effectif », « l’efficacité de la dépense publique », « l’acceptabilité sociale » et « la compétitivité économique ». Ces paramètres, essentiels, n’ont pas été abordés dans une stratégie globale cohérente selon le think tank.
Parmi les critiques, on note des mesures « mal séquencées », telles que la limitation à 2035 de la vente des véhicules thermiques neufs, perçue comme une échéance trop abrupte pour les consommateurs et l’industrie. Le dispositif du bonus écologique, pourtant ambitieux au départ, ne compense plus suffisamment le coût des voitures électriques encore trop élevé pour une partie importante des ménages.
Le rapport insiste également sur la multiplicité des mesures locales, notamment les zones à faibles émissions (ZFE) instaurées dans plusieurs métropoles, auxquelles s’ajoutent des contraintes réglementaires diverses jugées incompréhensibles par les citoyens. Cette complexité favorise le rejet et la frustration, particulièrement visible dans les populations périurbaines.
L’un des risques majeurs identifiés est l’explosion des coûts pour les usagers, notamment par une augmentation du prix du carburant à la pompe de l’ordre de 10 à 15 centimes par litre dans les prochaines années. Cela ravive les craintes d’un nouveau mouvement de contestation populaire de type « gilets jaunes », avec un potentiel conflit social aggravé, qui pourrait saper l’action gouvernementale.
Les auteurs du rapport appellent à un changement de méthode, préconisant un nouveau récit de la transition écologique qui inclut une gouvernance participative, une meilleure information des citoyens, et une approche différenciée selon les territoires pour concilier mobilité durable et réalités économiques locales.

L’étude met également en exergue la nécessité d’une phase de transition en douceur, capable d’accompagner l’innovation technologique, notamment dans les véhicules à faibles émissions, tout en soutenant les acteurs économiques et ménages concernés. La promotion des mobilités alternatives, comme le vélo, le covoiturage ou les transports publics, reste une priorité, mais ne peut à elle seule compenser la dépendance actuelle à la voiture individuelle.
Enfin, cette note offre un bilan nuancé, reconnaissant la bonne volonté affichée par certaines politiques, mais fustigeant une absence de vision stratégique partagée et cohérente, qui porte préjudice à la crédibilité et à l’efficacité des mesures concrètes.
En résumé, la transition écologique des transports en France demeure un chantier complexe, au croisement de nombreux enjeux. Le rapport de l’Institut Montaigne, en soulignant les risques sociaux et les défis économiques, invite les décideurs à repenser leur approche pour éviter une fracture politique et accélérer la transformation nécessaire vers une mobilité réellement durable.
