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Maroc, liberté individuelle et religion – le procès d’Ibtissame Lachgar

Maroc, liberté individuelle et religion – le procès d’Ibtissame Lachgar

La condamnation récente d’Ibtissame Lachgar à trente mois de prison marque un tournant dans la lutte pour les libertés individuelles au Maroc. Figure du féminisme et cofondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles (MALI), cette psychologue de 50 ans a été arrêtée en août 2025 après avoir publié sur les réseaux sociaux une photo d’elle arborant un t-shirt avec la phrase « Allah is lesbian ». Ce geste – revendiqué comme un acte militant contre le sexisme et l’homophobie – lui a valu d’être poursuivie pour « atteinte à l’islam » selon l’article 267-5 du Code pénal, peine confirmée en appel début octobre.

Le contexte de cette affaire est éminemment politique : l’image diffusée sur la toile, accompagnée d’un texte dénonçant le caractère « fasciste, phallocrate et misogyne » de toutes les idéologies religieuses, a enflammé le débat national. Les réactions, souvent violentes, se sont multipliées : campagne de harcèlement en ligne, menaces de mort et de viol, appels à la lapidation… Un climat social délétère, révélant les clivages profonds entre défenseurs des droits fondamentaux et conservateurs religieux.

Sur le plan judiciaire, le procès d’Ibtissame Lachgar illustre la portée répressive des lois marocaines encadrant la liberté d’expression. Le tribunal de Rabat a refusé à plusieurs reprises sa remise en liberté, malgré son état de santé alarmant – la militante, survivante d’un cancer des os, nécessitant une intervention urgente. Aux yeux de Human Rights Watch et de nombreux observateurs internationaux, cette condamnation constitue un coup dur porté à la liberté de conscience et d’opinion au Maroc.

Maroc : une militante féministe jugée pour « atteinte à l'islam »

 

Le combat ne s’arrête pas aux frontières du pays. Des organisations féministes et de défense des droits humains, comme la FIDH, dénoncent l’usage abusif de l’incarcération pour museler la contestation : la pénalisation de l’« atteinte à la religion » étouffe toute voix dissonante, alors même que la société marocaine connaît une jeunesse de plus en plus revendicative sur les questions d’égalité de genre et de droits LGBTQIA+.

Pour le gouvernement marocain, l’affichage de la fermeté est aussi un signal politique : dans un contexte de montée du conservatisme dans la région, la répression des mouvements progressistes permet d’asseoir l’autorité du pouvoir religieux. Mais cette orientation génère aussi un malaise : vivre librement sa foi ou ses convictions apparaît de plus en plus précaire, à contre-courant des mutations sociétales mondiales.

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