Climat : le changement climatique multiplie par 40 le risque de canicules extrêmes en Espagne et au Portugal
Un rapport scientifique publié ce mercredi met en lumière une progression alarmante de l’exposition de l’Europe du Sud aux vagues de chaleur. Selon le groupe World Weather Attribution, le changement climatique a multiplié par quarante la probabilité de phénomènes comparables à la canicule qui a frappé l’Espagne et le Portugal en août 2025, avec des températures dépassant régulièrement les 40°C. L’urgence de l’adaptation climatique est désormais incontournable.
Températures records sur la péninsule ibérique
Durant le mois d’août, l’Espagne et le Portugal ont subi une chaleur écrasante. Madrid, Séville et Lisbonne ont dépassé à plusieurs reprises les 43°C. Des incendies de forêt ont ravagé des hectares de terres agricoles et de zones naturelles protégées. Les hôpitaux ont recensé un surplus massif d’admissions pour déshydratation et coups de chaleur, tandis que la surmortalité a augmenté, surtout parmi les personnes âgées.
Le travail scientifique
Le rapport, issu de méthodes d’attribution climatique robustes, établit que cet épisode a une origine quasi certaine dans le réchauffement global alimenté par les activités humaines. En utilisant des modèles climatiques comparatifs, les chercheurs montrent que, sans la hausse des gaz à effet de serre, la vague de chaleur d’août aurait été extrêmement improbable. Or, dans le monde réel, elle devient quarante fois plus probable.
Conséquences agricoles et économiques
Au-delà du coût humain, les conséquences économiques sont sévères. Des récoltes de céréales et de légumes ont été détruites, menaçant la sécurité alimentaire dans plusieurs régions. Le tourisme, pilier du PIB ibérique, a souffert, de nombreux voyageurs annulant leurs séjours face aux températures insupportables et aux coupures d’électricité provoquées par la surcharge des réseaux. Les stations balnéaires portugaises ont connu des baisses de fréquentation historique.

Une Europe mal préparée
L’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de 55% d’ici à 2030, mais l’adaptation reste insuffisante. Les réseaux de climatisation intensifient la demande énergétique, contribuant à de nouvelles émissions. Plusieurs villes méditerranéennes, comme Lisbonne ou Barcelone, manquent encore de plans locaux robustes de gestion de la canicule. Le Centre européen pour la prévention des risques climatiques a averti que l’Europe du Sud pourrait connaître régulièrement d’ici 20 ans des étés «à plus de 45°C».
Un avertissement mondial
Pour les climatologues, cette canicule ibérique s’inscrit dans une tendance planétaire. Le mois d’août 2025 s’annonce comme l’un des plus chauds de l’histoire moderne. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré que «chaque nouvelle vague de chaleur est un bulletin d’alerte climatique que nous choisissons encore trop souvent d’ignorer».
Que faire?
Les experts recommandent d’investir massivement dans les systèmes d’alerte précoce, l’isolation des bâtiments et le verdissement urbain. Sans nouvelles politiques d’atténuation, les risques de canicules extrêmes continueront de croître, avec un coût humain et économique insoutenable. L’Espagne et le Portugal apparaissent aujourd’hui en première ligne du dérèglement climatique qui menace l’ensemble de la Méditerranée.
